Un match du HCC, remède à la folie du monde

Valère Gogniat
journaliste Le Temps

«MER-CI!» – «DE-RIEN ! » C’était l’autre soir, avec un vieux copain. On est allé «voir le match» aux Mélèzes. Et au milieu du deuxième tiers, à la fin de la troisième bière, on a réalisé que rien ou presque n’y avait changé durant ces vingt dernières années.

 

Le même sol en bois qui craque. Les mêmes spectateurs assis durant les pauses pour manger une pizza. Les mêmes bières dans les même gobelets en plastique – ou, quand il fait trop froid, le mêmes thé rhum un peu brûlant. Les mêmes privilégiés qui mangent des fondues là, au-dessus. Le même groupe de supporters plus intenses que les autres, au même endroit, avec les mêmes drapeaux.

 

Les mêmes haut-parleurs qui crachent (toujours!) les mêmes morceaux de musique… On y entend les mêmes slogans (« Allez allez ho-hooo, ici c’est La Chaux-de-Fooonds», « Au H, au C, au HCC », etc.) et les mêmes blagues des mêmes supporters en réponse au même speaker («On-s’en-fout»). Un speaker qui, d’ailleurs, parle toujours avec les mêmes intonations (« Besoin d’un remplaçant ? ») – une constance qui force l’admiration.

 

On pourrait continuer cette liste. Elle est d’ailleurs tout à fait subjective. Certains puristes rétorqueront que l’équipe actuelle évolue à un niveau différent des années précédentes. Que la patinoire est devenue non-fumeur. Que le prix du billet a pris l’ascenseur. Certes, mais ce n’est pas le propos.

 

Apprécions plutôt le fait que, dans ce monde en accélération perpétuelle, il y ait encore des choses qui ne changent pas. La planète sort d’une pandémie, la troisième guerre mondiale est à nos portes, l’explosion des inégalités fait craindre une crise sociale majeure, le tout sur fond de pénurie d’énergie ? Peut-être. Mais, aux Mélèzes, il y a toujours un speaker qui crie « MER-CI » et environ 3000 supporters qui lui répondent « DE-RIEN ». Voilà quelque chose qui ne changera pas. En 2022, avoir au moins une certitude, ça fait du bien.

 

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