J’ai la chance de vivre dans un canton dont j’apprécie les splendeurs chaque jour. Il me plaît sur toute sa surface : des sauvages forêts de sapins aux vignes sagement alignées. Des blanches neiges dont l’hiver nous gratifie dans le Haut, à ce précieux lac du Bas dont les changeantes couleurs étincellent comme mille joyaux. Tout en lui me plaît.
Il m’arrive donc souvent de quitter mes pénates en altitude. De descendre pour regarder les nuages sous une voûte céleste ou la vue se perd, ou pour jouir d’une nature plus précoce. Le soir, une amie m’ouvre ses portes. Après un délicieux souper en sa compagnie, quelques parties de rires et des discussions animées, afin de profiter de ce qui ressemble à des vacances sans devoir courir pour attraper le dernier train, j’y passe généralement la nuit. L’inconvénient de son appartement, situé plein sud derrière une façade rouge, c’est de donner sur une rue de la ville particulièrement bruyante et bétonnée proche du chemin de fer. Le bruit y est incessant. En été, cette rue en cuvette se change en fournaise. La façade rouge absorbe la chaleur et transforme l’appartement en étuve.
Fenêtres ouvertes ou fermées, dès les premières chaleurs, dormir y devient presque impossible. Si on laisse les vitres ouvertes, le bruit nous martèle le crâne ou nous siffle dans les tympans. Si on les ferme, l’immobilité de l’air nous étouffe et la chaleur accumulée durant la journée nous donne l’impression d’être un gigot cuisant lentement dans son jus. Avec le changement climatique, cela peut même arriver en mars ou en mai.
Autant dire qu’après un week-end caniculaire passé sur le Littoral, je retrouve avec délectation les mille mètres d’altitude, ma chambre au nord, et le frais bonheur de passer une nuit respirable.
Blog « Des avenues et des fleurs« .
Swiss trash (Ed. Baleine 2000, réédition L’Âge d’Homme), Fille facile (2012, Torticolis et frères), Inertie, (2014, L’Âge d’Homme, Prix Bibliomedia…).
A venir, deux publications à l’automne 2022 (Ed. Torticolis et frères et BSN Press).
