Se mettre au vert: nouvelle tentation, vieille urgence.
Il y a dix-huit ans, de retour à La Chaux-de-Fonds, j’ai choisi d’habiter dans l’ancienne usine Vulcain, face à une terrasse de 160 mètres carrés perchée à une dizaine de mètres au-dessus de la rue. Toute nue. J’ai commandé deux érables japonais, trois pins et acheté quelques fleurs. Riquiqui. Très vite, c’est devenu une passion : multiplier les arbres, les arbustes et les vivaces.
Quand les premiers gels sont arrivés, un paysagiste a rigolé : « Au printemps, tout sera mort. » Faux. Il y a eu quelques victimes, peut-être, au gré du temps, un liquidambar, un forsythia, une glycine, quelques pivoines. Mais j’ai appris que les végétaux n’ont qu’une idée en tête: durer, survivre même. Et qu’il suffisait de les observer, de les nourrir et de trouver leur juste place pour qu’ils grandissent. Même le gingko biloba.
Aujourd’hui, je vis la tête dans les feuillages et les fleurs – ou les branchages en hiver. J’échange des idées et des expériences de culture avec des amis ou des inconnus. Avec vous aussi ?
Adieu sapins, bonjour palmiers
De nouvelles fleurs élégantes, des arbres soigneusement entretenus, une exigence esthétique : voilà près de quinze ans que Denis Finger marque de sa patte la signature végétale de La Chaux-de-Fonds. Mais le responsable du secteur vert se prépare aussi à répondre au réchauffement climatique.
« On est en plein dans les saints de glace, et je suis là, en t-shirt, sourit Denis Finger. Notre boutique du cimetière a été prise d’assaut par les jardiniers amateurs que le soleil a rendu impatients. C’est plaisant, mais dans les parcs, des arbres deviennent secs et des épicéas sont attaqués par le bostryche. Nous sommes en train de réfléchir, en collaboration avec les villes romandes de plaine, aux nouvelles essences que nous devrons acclimater. Côté fleurs, on teste les échinacées, les gaillardes, les rudbeckias, les coréopsis. Pour les arbres, rien n’est encore décidé. Rassurez-vous, on ne songe pas encore aux palmiers ! »
Les recherches le prouvent : la végétalisation des milieux urbains permet d’économiser de l’énergie : la fraîcheur est retenue en été, et la chaleur est gardée en hiver. En plus, elle piège les polluants. « Chaque geste compte, souligne ce Vaudois tombé amoureux de notre ville. Il n’y a pas ici beaucoup de toits plats qu’on pourrait végétaliser, mais les jardins, les terrasses et même les balcons participent à la lutte contre les îlots de chaleur et la sécheresse. Avec mon équipe d’une trentaine de personnes, nous essayons de montrer l’exemple aux particuliers en implantant les nombreuses variétés compatibles avec notre environnement, comme la spectaculaire fritillaire à couronne impériale. Il faut aussi signaler que dans nos bâtiments du Marais, nous récupérons l’eau de pluie sur les toits, et que cela nous permet d’assurer une grande partie de l’arrosage et du nettoyage de la ville ».
Mains vertes, ouvrez l’œil en vous promenant et allez faire un tour à chaque début de saison dans la Jardinerie de la Ville au cimetière: vous y trouverez de quoi inspirer vos talents confirmés ou débutants.
Jardiner en pots: notre mode d’emploi, signé Françoise Boulianne-Redard à découvrir ici!
