Affecté que la rumeur le prétende sur le départ, l’entrepreneur-promoteur a reçu Le Ô. Pour couper court : « Mon moteur rugit encore. Je ne suis pas près d’arrêter. Encore moins de m’en aller ».
« Tout arrêter ? Tout vendre ? J’en aurais le droit. Mais croyez bien que je ne laisserais personne l’annoncer à ma place. » Raffaello Radicchi esquisse un sourire. Mais il a été affecté par la rumeur qui a enflé depuis le Salon de l’immobilier. On a dit l’entrepreneur-promoteur chaux-de-fonnier « en train de tout vendre » et même « sur le point de quitter son navire »…
« Oui, ça m’embête d’avoir entendu et lu ça (Le Ô du 20 mai). Car en réalité, c’est tout le contraire ! J’assure l’ancrage de mon groupe dans cette ville et dans ce canton. Parce que je l’aime. Je n’avais rien et j’ai tout construit ici. Jamais je n’en partirai ! » martèle le maçon, devenu menuisier en raison de son allergie au ciment, puis rénovateur et entrepreneur hors-pair, avec à la clé la constitution dans le canton de Neuchâtel d’un empire économique, même si lui préfère le qualifier de groupe de PME.
« N’écrivez pas ça! » stoppe l’homme d’affaire. Se voir présenter comme un richissime personnage ou comme un millionnaire l’irrite : « Ça ne me correspond pas. Les bénéfices que génère mon groupe, je ne veux pas les emporter au paradis ! Je n’ai jamais travaillé pour une fortune personnelle. Oui, je m’accorde quelques plaisirs. Mais j’aimerais que l’on cesse de fantasmer sur « mes » millions ».
A commencer par ceux qu’il aurait investis personnellement, par dizaines, voire centaines : « Ces investissements sont bien réels, mais les millions sont ceux des banques ! En fonction de mon parcours et des réalisations menées à bien, elles me font confiance et me suivent. A cet égard, le groupe Insulae et les banquiers fonctionnent à la perfection pour réaliser des projets spectaculaires. Je veux que cette spirale génératrice de projets profitants à la région continue. Mais moi, je ne me promène pas avec des millions dans une valise ! » Et dans son porte-monnaie ? Raffaello Radicchi rigole. « Tout au plus 200 ou 300 francs ! »
La seule part de vérité dans la rumeur concerne les visites chez le notaire et la réorganisation en cours de ses affaires. « Vous savez, chez le notaire, on y va chaque semaine, depuis toujours pour l’immobilier ! Actuellement, on crée les structures pour garantir que le jour où je raccrocherai – ou si je casse ma pipe ! -, nos sociétés et leur substance continuent de profiter à cette région et à ses habitants, que tout ce qui a été mis en place et que les emplois aussi soient maintenus ici. Nous sommes en train de constituer une première fondation qui chapeautera les six sociétés du groupe. Ensuite, on va consolider la partie immeubles. Et après, éventuellement, aussi le volet industriel (réd : il est le propriétaire des montres Schwarz-Etienne). »
A 71 ans, l’idée de raccrocher, n’effleure-t-elle pas même un hyperactif comme lui ? Que se voit-il faire dans sa retraite idéale ? La réponse fuse du tac au tac. L’entrepreneur écarte les bras, embrassant les locaux d’Insulae, rue du Pont 18, et lance : « ça ! »
« Mon moteur rugit encore. Et fort. Tant que j’ai la santé, et l’envie, je continue. Prendre un peu de recul, je m’y essaye. Un jour ici ou là… »
La réaffectation des Anciens Moulins en appartements est un des récents défis qu’il a relevés. « Chaque fois que je passais devant, je me disais qu’il serait dommage qu’un tel complexe disparaisse. » Un chantier très complexe, avec la ceinture géante d’acier. Pas vraiment une affaire au final. « Mais j’avais envie d’apporter à la ville cette offre inédite de logements. »
Sa conclusion sonne comme une déclaration d’amour à sa ville d’adoption. « Si certains me voyaient décliner ou raccrocher, ils se sont fourvoyés : avec mes équipes, on planche sur une ou deux surprises, qui seront dévoilées cette année encore. »
A suivre donc !