Déjà six générations pour la saga Kaufmann

Anthony Picard

Une passion familiale ancestrale anime la quincaillerie Kaufmann à La Chaux-de-Fonds. Du commerce d’aciers et métaux aux arts de la table. Interview

Fondée en 1864 par Johann-Albert, Kaufmann & Fils SA est aujourd’hui dirigé par la 4e génération représentée par Bertrand le papa épaulé de ses filles Stéphanie et Delphine, dignes représentantes de la 5e génération. Commerce de métaux, quincaillerie, arts de la table. Quels sont les points communs à ces activités ? Au fil des décennies, la quincaillerie nous a amené à nous diversifier. Avec les congés payés et l’amélioration des revenus, nous avons accompagné nos clients dans leurs activités en proposant des articles de pêche, de sport et même du matériel de chasse. Par la suite, en raison de la spécialisation via des enseignes dédiées, nous avons recentré nos activités sur nos points forts. Depuis 2003, nos spécialités sont le commerce des métaux, la quincaillerie et les arts de la table.

 

– Comment vivre en 2022 avec la concurrence des supermarchés et du commerce en ligne ?

– En restant dans ce que nous faisons le mieux, être extrêmement proches de nos clients comme de nos équipes depuis presque 160 ans. Nous mettons un point d’honneur à avoir un service qualifié. Nos collaborateurs, dont certains sont là depuis 20 ans, connaissent parfaitement l’assortiment et surtout notre fidèle clientèle professionnelle et privée. De plus, nous garantissons des centaines de milliers de références en stock et livrons nos clients de Porrentruy à Genève en passant par la Vallée de Joux et ailleurs en Suisse.

 

– Saga familiale: une nécessité ou un devoir ?

-Ni l’un, ni l’autre clament en choeur les Kaufmann ; une passion et beaucoup d’envie !

 

– En qualité de client, pourquoi choisir Kaufmann ?

– Parce que nos 50 collaborateurs placent le client au centre de leur savoir-faire. La connaissance du client, de ses habitudes c’est un sacré avantage pour l’acheteur et le vendeur. Aussi parce que la famille Kaufmann soutient l’économie locale, le sport et la culture.

 

– La société est inscrite sous Kaufmann & Fils SA depuis 2001, ne songez-vous pas à changer son nom ?
Ce n’est pas d’actualité. Au fil de son histoire, notre raison sociale a été modifiée à six reprises. Que nous les filles, soyons des descendantes n’y change rien, l’important c’est la continuité. Et avec la 6ème génération composée de 11 garçons, peut-être qu’il n’est pas utile de changer le « et Fils ».

 

– Vincent, 3ème enfant de Bertrand, est directeur de la Fondation Ethos et membre du Conseil d’administration, comment intégrez-vous les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) dans votre société ?

– Comme pour chaque citoyen, le respect de l’environnement nous touche. Dans toutes nos activités, nous voulons préserver les ressources au maximum ; c’est ainsi que notre nouveau bâtiment a été pensé et construit pour laisser une trace carbone minimale. Pour le critère social et de gouvernance, vu que la fidélité moyenne par collaborateur est de 15 ans, nous sommes convaincus que cet indice est la conséquence d’une gouvernance humaine.

 

– Crises Covid, énergétique et opération spéciale en Ukraine, ça change quoi pour Kaufmann ?

– La longue période de crise Covid nous a contraint à prendre des décisions urgentes. Hormis les fermetures obligatoires, nous avons tenté d’informer et de protéger au maximum nos collaborateurs en adaptant notre niveau de sécurité, en gérant les RHT, c’était chaud, très chaud ! En 2022, période incertaine à plus d’un titre, la hausse du coût des transports et les délais qui s’allongent nous impactent. Certains fournisseurs ont même dû adapter leurs lieux de production. Conséquence, leurs prix augmentent dans nos trois secteurs d’activité.

 

– Entre Stéphanie, Delphine et Vincent, 11 enfants sont nés et plusieurs sont déjà dans la vie active. Cette 6e génération pointe-t-elle déjà son nez chez Kaufmann?

– Nous avons de la chance, nos descendants sont fiers d’appartenir à une grande famille même si la plupart sont trop jeunes pour y travailler et que d’autres ont pris pour l’instant un autre chemin. Théo, fils de Stéphanie, qui travaille dans immobilier local, ne passe pas une semaine sans contact avec la quincaillerie. Du côté de Delphine, Thibault, son troisième, a travaillé au sein de l’administration pendant une année. Et il y a Victor, l’ainé, quincaillier de profession qui a rejoint la société en 2020. Après avoir travaillé dans les différents départements de l’entreprise, il sillonne désormais les routes comme représentant, portant haut les couleurs de l’entreprise familiale. (ap)

 


Ni chômage ni licenciement en 160 ans

L’appel des sapins surgit alors que le jeune Bertrand exerce un job chez son prof de droit fiscal de l’Université de Genève. Donnant rapidement suite au coup de fil de son papa, Bertrand décide d’intégrer l’entreprise familiale. Avant de rejoindre le siège, il sera envoyé comme stagiaire dans des quincailleries à Genève et Bâle.

 

45 ans de maison

Le 1er octobre 2022, le boss a célébré ses 45 ans de maison. Avant la pandémie et en 160 ans d’histoire, Kaufmann avait traversé toutes les crises sans aucun chômage technique ou licenciements économiques. Les tiroirs de rangement en bois datent du tout début du siècle passé. Dans la modernité, les traces du passé affirment l’identité de la société. En stock, les vis, boulons et autres articles de visserie sont alignés sur une longueur d’1 km.

Victor, Stéphanie, Delphine et Bertrand, et les vis seront bien rangées ! (Photo : ap)
Victor, Stéphanie, Delphine et Bertrand, et les vis seront bien rangées ! (Photo : ap)

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