Carnet noir : la journaliste Claire-Lise Droz s’en est allée

Bernadette Richard

Triste fin d’année pour la presse neuchâteloise. Le 29 décembre, Claire-Lise Droz, pilier du journal local depuis les années 1980 est décédée. Elle avait fêté récemment son 69ème anniversaire. D’abord stagiaire à La Feuille d’Avis de Neuchâtel, elle rempile à l’Impartial quelques années plus tard, avouant être attachée à sa région natale. Je la revois, il y a fort longtemps, dans son appartement très sobre, clope au bec, servir l’apéro et les petits fours à une équipe de collègues réunis à je ne sais plus quelle occasion.

Originaire des deux villes du haut, c’est sans problème qu’elle entre à la rédaction du Locle. Licenciée en lettres, au bénéfice d’une plume limpide, précise, coulante, attentive aux personnes qu’elle côtoyait ou interviewait dans le cadre de sa profession, elle cumulait les qualités d’une collaboratrice à un média prestigieux. C’était la méconnaître. Elle est restée dans son Jura, fidèle à ne jamais trahir ses « sujets ». Ce qui faisait d’elle une parfaite rédactrice dans le domaine magazine, où elle pouvait révéler le talent de ses interlocuteurs. Elle excellait dans les billets d’humeur, plus littéraires. Plus difficiles pour elle, l’enquête de terrain, les affaires complexes, les rapports aux personnes « mauvaises », entravée qu’elle était par sa profonde bonté. Mais elle aimait trop sa profession pour contourner l’obstacle. Et elle était capable de se donner des coups de pied au c… pour obtenir les renseignements qu’elle convoitait. Pourtant, loin de chercher le scoop à tout prix pour se faire briller, elle couvrait le haut neuchâtelois avec attention et bienveillance, partageant sans problème ses infos avec un ou une autre journaliste.

Discrète et très secrète concernant sa vie privée, elle a conservé une aura de mystère. Par exemple, pourquoi refusait-elle de passer le permis de conduire, pourtant utile pour une journaliste… Pour se déplacer, grande dame un peu snob, ce qu’elle n’était pas, elle avait jeté son dévolu sur les taxis, c’était son originalité à elle. Je l’entends encore rigoler en disant que tous les chauffeurs des montagnes la connaissaient bien.

 

Passionnée de polars

Elle ne s’est jamais expliquée non plus sur sa passion pour le polar, taxé jusque dans les années 1990-2000 de sous-genre de gare. Elle avait tout lu, impossible de la prendre en défaut. Elle a dû jubiler quand le thriller a acquis ses lettres de noblesse. Absente durant de longues années de la ville, je l’avais un peu perdue de vue… nous finissions toujours par nous croiser dans une librairie.

Claire-Lise Droz partie, c’est une personnalité attachante qui a disparu des Montagnes neuchâteloises.

Adieu collègue, j’espère que tu as trouvé la sérénité que tu n’avais pas toujours dans cette vallée de permanents combats.
(br)

Claire-Lise Droz en pleine enquête, en 1985, alors qu'elle se trouvait chez Bernadette Richard. (photo br)
Claire-Lise Droz en pleine enquête, en 1985, alors qu'elle se trouvait chez Bernadette Richard. (photo br)

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