Ecole d’arts : rien qu’un nouveau nom, vraiment ?

François Nussbaum

Le fleuron régional, réputé mondialement, devient un pôle… parmi huit autres. Et ça interpelle.

Que se passe-t-il à l’Ecole d’arts de La Chaux-de-Fonds ? Apparemment rien, puisqu’elle est intégrée depuis peu au Centre de formation professionnelle neuchâtelois (CPNE), en tant que «pôle arts appliqués». Mais elle perd de facto sa dénomination historique, sur laquelle repose sa réputation internationale. Et nombre de personnalités s’en émeuvent. Lors du 150e de l’EAA, l’an dernier, son directeur Marc Pfister évoquait son inquiétude quant au maintien de son identité propre.

La réorganisation des filières, entrée en vigueur en août, comporte huit pôles, tels que définis dans la nouvelle loi. Dans ce processus, l’EAA devenue « pôle AA » ne perd pas ses attributions. N’empêche que le changement d’appellation génère des craintes sur la marche future de l’école. Théo Bregnard glisse ainsi que « lors du 150e, on aurait attendu des perspectives plus dynamiques pour l’avenir de l’école d’arts ».

Dans l’ouvrage paru lors du 150e, Marc Pfister notait que l’ensemble des formations assurées par l’Ecole d’arts appliqués avaient en commun un «processus créatif, de l’idée initiale au produit fini». Une forme d’identité qui risque d’être diluée dans les lourdeurs administratives et l’uniformisation des planifications. Indispensable, disait-il, de ménager une marge de manœuvre à l’interne, pour conserver le génie propre à l’école.

Un amendement a bien tenté au Grand Conseil de sauver le terme d’école pour qualifier les huit pôles, sans succès. Le Conseil communal n’avait pas pris de position officielle, « mais il regrette le changement de nom », note Théo Bregnard: «L’Ecole d’arts, qui est au coeur de l’histoire de notre région, risque de perdre en identité et en rayonnement malgré ses hautes qualités ». Certains rappellent que l’école est connue « de Brasilia à Chandigarh », allusion aux réalisations architecturales du plus célèbre élève en gravure de l’école, un certain Le Corbusier.

Tel n’est pas le sentiment de Patrick Rebstein, directeur du CPNE. Selon lui, même si elle perd son titre d’école, l’institution se voit plutôt renforcée par son statut de «pôle» inscrit dans la loi. S’il fallait un jour « revoir cette nouvelle organisation, ce serait au Grand Conseil de trancher, et non au seul Département de la formation », note-t-il. Quant au fond, assure-t-il, le pôle arts appliqués conserve ses spécificités, son ouverture et son rayonnement.

Impossible enfin de ne pas évoquer la longue absence de Marc Pfister, pour raisons médicales, et son désormais très hypothétique retour aux commandes. Mais Patrick Rebstein ne fait aucun commentaire autre que celui-ci : « Une direction ad interim est en place et fonctionne ».

Le titre du magnifique ouvrage du 150e le dit : l’EAA est « gravée dans le temps ». Mais pas son nom ! (Le Ô)
Le titre du magnifique ouvrage du 150e le dit : l’EAA est « gravée dans le temps ». Mais pas son nom ! (Le Ô)

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