Intrigue glaçante à Imagineige

Marc Voltenauer

Le soleil venait de se lever sur le parc des Musées. Le jury d’Imagineige évaluait les sculptures sur neige façonnées la veille. Après avoir noté une œuvre qui représentait un bouddha couché, ils s’apprêtaient à quitter le parc. Un des membres du jury les interpella :

— On n’a pas encore jugé la sculpture là-bas.

— Étrange… Allons voir ça !

Ils s’approchèrent de l’œuvre : un banc avec, dessus, un corps affalé.

— La sculpture a été réalisée durant la nuit. Superbe !

— Vous avez vu, la neige est teintée de rouge…

— On ne peut pas en tenir compte. Les règles sont strictes : pas de travail de minuit à 6 h du matin, pas de colorants…

— Quelle horreur ! Ce n’est pas du colorant…

— C’est un cadavre recouvert de neige…

La police arriva un peu plus tard. De nombreux curieux s’étaient rassemblés. Une rubalise « police – zone interdite » entourait la scène de crime. Le procureur Jemsen et l’inspecteur Andreas Auer étaient présents. Les gendarmes avaient fait venir un canon à air chaud pour dégager la victime de sa prison de glace. Jemsen reconnut deux hommes qui s’étaient approchés : Marc Voltenauer et Nicolas Feuz.

— Ils étaient en dédicace chez Payot hier soir. Je les ai vus sortir bien après la fermeture. Ils avaient sans doute bu des verres avec le gérant, s’exclama un individu.

— Moi, je suis un de leurs fans. Je les ai suivis, hier soir. Après avoir récupéré un sac et une pelle dans une voiture, ils sont allés dans le parc, lança un autre.

— Nous sommes coupables ! avoua Feuz, hilare.

Une clameur indignée s’éleva parmi la foule.

— Regardez ! dit Voltenauer.

Les badauds tournèrent leurs regards vers la scène de crime. La neige avait fondu laissant apparaître un mannequin…

 

(Improvisation sur une idée de G. Sammali)

 

Dernière publication : Péril au Grand-Saint-Bernard (Auzou, coll. Frissons Suisses, 2022).
Prochain livre : Cendres ardentes (Slatkine, mars 2023)

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