Les Horlogers sur la route du Tour

Justin Paroz,
Collaboration Giovanni Sammali

Après le Tour de Romandie, Morteau et La Chaux-de-Fonds peuvent à nouveau rêver d’inscrire leur étape des horlogers au programme du Tour de France

Le Tour de Romandie a fait halte hier à La Chaux-de-Fonds. Parti de Morteau (F), le peloton a rejoint la Métropole horlogère© dans une étape symbolisant l’union des horlogers et mettant en avant ce patrimoine reconnu internationalement, avec l’inscription de l’urbanisme horloger au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2009 puis la reconnaissance en 2020 des savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art. La fête a fait vibrer les fans.

Pour les organisateurs, c’était une répétition générale en vue d’une future arrivée du Tour de France sur les Champs Elysées chaux-de-fonniers, horizon 2027-2028. Trente ans après le départ de la capitale de Montagnes, organisé en 1998 par une partie de l’équipe actuelle !

En novembre dernier, le projet d’accueillir à nouveau la Grande Boucle en terres neuchâteloises avait été enterré par les organisateurs (Le Ô du 25 novembre). En cause : des difficultés à réunir le budget nécessaire. Une affaire qui avait fait pas mal de remous médiatiques, mais le SOS lancé par Alexandre Houlmann, membre du comité d’organisation de l’étape des horlogers, a permis de débloquer la situation. « Son gros coup de pied dans la fourmilière a porté ses fruits : nous avons enfin reçu une réponse favorable du Conseil d’Etat », s’est réjoui Laurent Claude, membre du même comité. S’il ne souhaite pas, pour l’heure, donner de chiffres, les collectivités publiques, le Canton, et le fonds de la Loterie Romande, ont revu considérablement à la hausse les montants articulés au départ, preuve d’une volonté partagée de voir le Tour dans la région. Reste que la redistribution du fonds LoRo n’a pas fini de faire débat : la Fédération neuchâteloise des actrices et acteurs culturel-les veut s’asseoir à table avec le monde du sport pour la répartition du gâteau.

 

« Notre canton sait relever des défis »

« Ça a été compliqué, mais le Canton prouve que réaliser des défis fait partie de son ADN », salue Laurent Claude. Les organisateurs devront réunir 1,2 millions. À titre de comparaison, les arrivées du Tour à Porrentruy et à Berne avaient couté entre 1 et 1,5 millions. « Une fois cette Boucle romande derrière nous, nous allons réunir tous les acteurs. Pour savoir qui seront les forces en présence. Nous ne lancerons pas notre candidature avant d’avoir la certitude que tout soit réuni », ajoute-t-il.

Une candidature qui augmente ses chances avec la collaboration avec la ville de Morteau. « Ils sont motivés et ont des contacts avec les organisateurs du Tour de France. Les deux villes s’investissent à fond. Et miser la carte de l’alliance des horlogers, la carte de visite de la région, ça parle aussi », explique le conseiller communal en charge des sports Thierry Brechbühler. « Nous aimerions aussi impliquer Tissot, le chronométreur officiel du Tour, pour que cette marque emblématique nous aide à convaincre les organisateurs du Tour. Nous avons une étape intéressante et avec le Tour de Romandie, nous avons montré que nous avions la capacité d’accueillir le peloton international. Surtout qu’entre ces deux courses, qui font toutes deux parties du WorldTour UCI, les équipes sont en grande partie les mêmes ! », ajoute Laurent Claude.

Certes, le gigantisme du Tour nécessite la capacité d’accueillir plus d’infrastructures, rien qu’au niveau de la célèbre caravane publicitaire, et de la cohorte de journalistes et suiveurs. « Nous devrons redoubler de vigilance car nous ne pouvons pas nous louper avec une telle médiatisation. On se souvient tous des images du bus d’une équipe resté coincé sous une arche, lors d’une arrivée en Corse, en 2013… L’UCI est aussi de plus en plus à cheval sur la sécurité, et en Suisse il n’est pas possible de privatiser les routes lors du passage des coureurs, comme c’est le cas en France. »

 

5000 nuitées d’un coup

Une organisation compliquée, mais qui a aussi son lot de retombées. « Elles dépassent les frontières nationales. Toute la région est mise à l’honneur, en fédérant de plus les acteurs économiques du Haut et du Bas. » Le conseiller d’Etat Alain Ribaux nous as répondu dans le même sens, en soulignant que le nouveau visage du fonds LoRo va justement dans le sens de grands évènements comme celui-ci. Thierry Brechbühler précise : « C’est extrêmement positif en termes d’image, pour faire connaitre notre région au monde entier et montrer son dynamisme. Et aussi en termes économiques et touristiques. On parle d’environ 5000 nuitées d’un coup. Tous les hôtels dans un large périmètre affichent complets. »

Les images incroyables des arrivées de Lausanne et Morgins l’an passé sont la preuve de la magie du Tour. « C’est quand même le plus grand événement sportif au monde après le Mondial de football ! », sourit Laurent Claude. « Une arrivée est une fête énorme, retransmise en direct dans près de 200 pays. Et surtout des images qui marquent. Je me souviens comme si c’était hier avoir vu Pantani en 98. » Année des derniers départs et arrivée en terres neuchâteloises.

Les candidatures sont toutefois nombreuses. Et comme l’avait expliqué au Ô, l’an dernier, Christian Prudhomme, directeur du Tour de France : « Nous ne pouvons pas venir chaque année en Suisse… »  Quoiqu’il en soit, cette étape en fait déjà rêver plus d’un !

 

 

Chassot : « Un plus pour tous »

Patron de l’épreuve romande, ancien coureur et consultant de la RTS, Richard Chassot connait bien ses homologues du Tour de France. Lui et ses équipes ont d’ailleurs collaboré pour le fantastique passage de la Grande Boucle de l’an passé en terres romandes (arrivée à Lausanne et départ d’Aigle). « Le rayonnement du Tour de France est tel qu’il nous profite aussi. 

Comme pour les festivités de notre 75e l’an passé, une visite de la Grande Boucle sur nos routes est un plus pour le Tour de Romandie et tout le cyclisme en Suisse », souligne Richard Chassot. Qui appuie donc la candidature de Morteau et La Chaux-de-Fonds, dont il est d’ailleurs membre d’honneur. 

 

 

Balmer : « Un truc de fou ! »

Quand on lui parle du Tour de France à La Chaux-de-Fonds, ses yeux s’illuminent. Finalement absent de la boucle romande, alors qu’elle arrivait chez lui, le Tour constituerait ainsi une belle revanche pour Alexandre Balmer : « C’est un pincement au cœur de ne pas avoir pu être de la partie jeudi. » Et le Tour ? il en rêve ! « Vivre une arrivée de la plus grande course du monde dans ma ville serait déjà incroyable. Pouvoir en plus y participer… ça serait un truc de fou ! » Alors qu’il vise depuis longtemps les JO de Paris 2024, il aurait été prêt à sacrifier cet objectif pour participer à cette étape chaux-de-fonnière. « Heureusement, les Jeux et cette arrivée ne sont pas dans le même timing. Je n’aurai donc pas à choisir si les deux se concrétisent », rigole-t-il. 

Il devrait disputer cette année son premier grand tour à l’occasion de la Vuelta. Il en aura probablement plus dans les jambes d’ici à ce qu’il puisse disputer la Grande Boucle devant son propre public, et pourquoi pas lever les bras ? « Je préfère ne pas encore y penser, j’ai le temps de voir venir », sourit-il.

Richard Chassot, patron du Tour de Romandie, avec les deux régionaux de l'étape des horlogers, le Jurassien Yannis Voisard (Tudor) auteur d'un très bon début de Tour, et le champion franc-comtois Thibaut Pinot, qui vise un top-10, pour son dernier TDR. (Photo : Justin Paroz)
Richard Chassot, patron du Tour de Romandie, avec les deux régionaux de l'étape des horlogers, le Jurassien Yannis Voisard (Tudor) auteur d'un très bon début de Tour, et le champion franc-comtois Thibaut Pinot, qui vise un top-10, pour son dernier TDR. (Photo : Justin Paroz)

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