Propagande à six mois des élections fédérales !

Anthony Picard

Lorsque le populisme gagne les partis

Soucieux de s’attirer la bienveillance de la population avant les élections automnales, le PLR et le PS se lancent dans la récolte de signatures pour des initiatives qui visent à offrir des cadeaux sur le compte de l’Etat. Que ce soit via des déductions fiscales ou en limitant la prime à 10% du revenu, les partis y vont de leur opération séduction.  Au bout du compte « c’est l’Etat », sous-entendu le contribuable, qui passera à la caisse.

Le citoyen neuchâtelois paie une prime mensuelle moyenne de CHF 462.-, une des plus élevées de Suisse, à quelques dizaines de francs du record genevois de CHF 499.- mais loin des CHF 281.- payés par le citoyen d’Appenzell (AI). Une économie de plus de CHF 2’000.- par an sur les primes d’assurance maladie de l’Appenzellois qui peut être fier de vivre dans un canton de 16’000 habitants qui dispose du plus petit hôpital de Suisse et dans lequel l’espérance de vie est la plus élevée. 

Juste passée la crise COVID et son frein artificiel sur les coûts de la santé, la prime de base a repris l’ascenseur en 2023 avec un envol record de 9% pour Neuchâtel, canton où le budget « santé » ne cesse de croître faisant se répandre l’idée que la population est davantage malade. Pour les faibles et moyens revenus, cette hausse qui s’ajoute à l’augmentation généralisée des prix, érode le pouvoir d’achat et pousse le citoyen à revoir ses dépenses pour ne pas sombrer dans l’infernale spirale de l’endettement, voire du surendettement. Comparer, surveiller les prix, mettre des priorités dans les paiements, est devenu une réalité pour chaque assuré si bien qu’on en vient à économiser en revoyant à la hausse sa franchise, voire en refusant de se soigner. 

 

Hausse des coûts permanente

Limiter à 10% les coûts de l’assurance maladie, sans tenir compte des aides déjà disponibles ou augmenter la déduction fiscale sur la feuille d’impôts, ce n’est rien d’autre qu’admettre que le système de santé fonctionne alors que justement il dysfonctionne. Dans le grand supermarché de la santé, la hausse des coûts est permanente en raison du manque d’efficience et de coordination. On entend souvent la droite mettre la faute sur l’interventionnisme de l’Etat sublimé par un bouclier social nommé CCT21 et la gauche répondre que le système est malade et que les privés ne s’intéressent qu’aux missions les plus rentables. Du vrai, il y en a de part et d’autre, alors pourquoi ne pas mettre en place un système qui fonctionne à satisfaction selon des règles fixées par le régulateur (fédéral et cantonal) répondant aux besoins de la population ?

On a connu en France le grenelle de l’environnement, on connaît ici les assises de la cohésion sociale. A quand, sous l’impulsion du service concerné, un congrès réunissant les professionnels de la santé avec pour mission de comprendre le système de soins (de la naissance à la mort ; du généraliste au spécialiste) afin d’en répertorier les forces, de voir leur influence sur les coûts et de coordonner l’action pour le bien-être des personnes malades et en bonne santé ?

En conclusion, ces initiatives sont un mauvais remède sachant que l’Etat dispose déjà d’un instrument qui vient en aide à un quart de la population et qui permet de distribuer CHF 150 millions de subsides pour financer tout ou une partie des primes d’assurance maladie. Venant de gauche ou de droite, ces initiatives discréditent l’action de l’Etat sans s’attaquer au véritable souci : celui du manque d’efficience du système de santé.

Les primes d'assurance maladie ne cessent d'augmenter. Ici, un graphique de 1999 à aujourd'hui. (Illustrations et données : OFS)
Les primes d'assurance maladie ne cessent d'augmenter. Ici, un graphique de 1999 à aujourd'hui. (Illustrations et données : OFS)

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