Au téléphone, la dame était du genre revêche pour ne pas dire détestable. J’étais à la recherche d’un appartement loin des routes, mais proche de la ville. À force de fouiner dans les environs de La Tchaux, une petite maison biscornue au Val-de-Ruz me fit de l’œil. Vide depuis un bout de temps, m’expliquèrent les voisins, et pas très facile d’accès en hiver. Mais bah… J’étais prête à me taper cent mètres dans la neige pour rejoindre ce coin de paradis, entre arbres, framboisiers, hautes herbes et fleurs des champs.
Le téléphone de la personne à contacter était affiché contre la porte d’entrée. Toute heureuse de ma découverte, j’explorai les environs, le rêve. Pourquoi un lieu aussi cosy était-il désert ? Je tombai même sur un trèfle à quatre feuilles, augurant de la vie nouvelle qui m’attendait dans cette habitation de guingois.
À peine de retour, j’appelai le numéro indiqué. Personne. Je rappelai toutes les heures, silence. Au bout de deux jours, une voix répondit, grincheuse.
– Je téléphone pour la petite maison mise en location. Vous êtes la propriétaire ?
– Oui, c’est moi, je vous dis tout de suite que je veux un locataire irréprochable.
Ça partait mal. Je demandai quelles étaient les critères de cet « irréprochable ».
– Pas de fumeur, pas d’allées et venues intempestives (la maison était isolée, étrange obligation) et des mœurs sérieuses. C’est pas un bordel, ma maison. Pas de chat, pas de chien.
Dans ce cas… Il me restait à poser la question qui tue :
– Tout va bien pour moi, mais vous acceptez que j’emmène ma girafe dans le jardin ?
Tiens… la grincheuse a raccroché !
Dernière parution : Dernier concert à Pripyat, L’Âge d’Homme Éditeur, prochaine parution : la Chambre
noire, Favre Éditeur, automne 2023
* Coïncidence ? L’auteure de ce porte-plume vient de déménager !