La Ville touchera 5,4 mios par an contre 0,73 jusqu’ici. La rétroactivité ? « Notre cadeau au Conseil d’État », sourit Jean-Daniel Jeanneret
Pour les initiés, celles et ceux qui se soucient de la hauteur des chutes de neige, de la vitesse du vent au sommet de Mont d’Amin… et les autres ; la victoire est grande pour les communes situées au-dessus de 800 m. La subvention fédérale de 23 millions arrivera pour 50 % dans les caisses communales. Pour La Chaux-de-Fonds, entre ce qui était versé (CHF 730 000) et ce qui le sera (CHF 5,4 millions), l’or blanc prend tout son sens dans un budget communal sous pression.
En visite dans nos locaux, le Président Jean-Daniel Jeanneret (PLR) qui s’était engagé pour une plus juste répartition, a le sourire.
– Qu’est-ce qui va changer pour vous, grand argentier de La Chaux-de-Fonds ?
– C’est l’aboutissement d’un long combat pour faire reconnaître la réalité des surcharges liées à l’altitude que doivent assumer certaines communes de notre canton. Un chapitre qui aurait pu semer la discorde se clôt heureusement après de nombreuses discussions avec le Conseil d’État. C’est aussi la satisfaction d’avoir pu compter sur une grande solidarité de l’ensemble des communes et une bonne compréhension des député·e·s quant à la problématique soulevée. Ceci augure bien la suite des négociations qui s’annoncent pour une possible réforme de la répartition de l’impôts des personnes morales. C’est aussi et évidemment une nouvelle réjouissante pour nos finances.
– Les comptes de La CDF ont bouclé sur un déficit de 6,7 millions en 2022, serez-vous désormais à l’équilibre avec ce cadeau princier ?
– Ce n’est pas un cadeau ; ce n’est que justice ! Cependant, beaucoup de facteurs influencent les comptes de la Ville dont bon nombre ne sont pas maîtrisés par les autorités communales. Exemple, les réformes fiscales décidées par le canton ont lourdement impacté nos recettes. Cela dit, ces millions
contribueront significativement au trend positif enregistré depuis le début de la législature grâce, notamment, à la bonne conjoncture.
– Et la rétroactivité dans tout ça ?
– C’est notre cadeau au Conseil d’État (rire). Plus sérieusement, il aurait été déraisonnable de demander la rétroactivité, nous ne sommes pas dans une procédure juridique mais politique, et le consensus est bien plus précieux pour notre canton trop souvent fragilisé par des querelles haut-bas.
– Le 50 / 50 c’est la moitié de perdu ; pourquoi n’avoir pas soutenu jusqu’au bout l’initiative qui visait à reverser 90 % de la manne aux hautes communes ?
– Ce n’est pas la moitié de perdu, c’est une répartition simple et juste face aux surcharges liées à l’altitude que doit aussi assumer le canton. Je salue le compromis qui ne s’égare pas dans des calculs d’épicier sans fin.
– À qui les lauriers dans ce dossier d’union cantonale ?
– C’est une œuvre collective mêlant conviction et raison dont le succès n’était pas d’avance garanti. Avec la solution trouvée, qui mêle bon sens, justice et préserve la cohésion cantonale, le but est atteint. Je remercie particulièrement mes collègues de toutes les communes neuchâteloises qui ont permis à l’ACN d’être force de proposition et un interlocuteur crédible vis-à-vis du Conseil d’État et du Grand Conseil. Merci également aux initiants et aux citoyen·ne·s qui ont signé l’initiative ! Sans cela, il est probable que le sujet eût été enterré sans discussion par l’État.
– Est-ce que ces millions vont aider à boucler le dossier « patinoire » ?
– La question de la patinoire est complètement détachée de la question de la géo-topographie. Mêler les flux financiers de nos grands projets stratégiques aux mécanismes péréquatifs c’est risquer de vicier le système déjà complexe des finances publiques. Ne mélangeons pas tout, même si à l’évidence investir quand les finances vont bien, « mieux » pour la Métropole horlogère, est plus simple et plus sain.
– Comment le canton, en situation financière précaire, va-t-il compenser ?
– On parle de 12 millions sur un budget global de l’État de plus de deux milliards… le problème n’est pas là, il est plus dans l’orgueil d’avoir finalement dû céder à la raison. Dans ce sens, le prélèvement de cette somme dans le fonds des communes pour l’exercice 2024 est très discutable. Surtout que la situation financière de l’État n’est pas si mauvaise qu’il n’y paraît et nettement meilleure que celle de certaines communes qui se partageront un peu de la manne fédérale compensant les surcharges d’altitude.
À l’heure du réchauffement climatique, prenons conscience de la chance qui demeure encore la nôtre de vivre des hivers qui nécessitent des moyens supplémentaires et la compensation de ceux-ci. Qui sait, dans 25 ans déjà s’il ne faudra pas être situé en dessus de 2000 mètres pour avoir droit aux subsides.