Depuis 30 ans, Laurent Kurth est au service des collectivités. Comme chef de service puis à l’exécutif de la Métropole, cette figure du PS vient de passer 11 ans au Château. Ceux qui voient en lui un homme d’état, louent sa capacité de synthèse, son engagement pour la collectivité et son professionnalisme dans la préparation des dossiers. Son côté loup solitaire, un certain dogmatisme qui n’a d’égal que son côté combatif, donnent du fil à retordre à ses détracteurs.
Aujourd’hui, le rideau est tombé pour le Conseiller d’Etat qui, à 56 ans, a décidé de prendre du recul après onze ans au gouvernement. « Après huit à douze années, les institutions nécessitent un renouvellement » précise le socialiste, serein à l’heure du départ. « J’ai toujours gardé mon indépendance »,
dit celui qui aura marqué de son empreinte les dossiers qu’il a traités en laissant l’image, à gauche comme à droite, d’un authentique homme d’état.
Prise il y a quatorze mois et annoncée en août dernier, la décision de partir est le résultat de plusieurs réflexions. A celle du renouvellement progressif, s’ajoute le désir de s’en aller dans une période favorable avec le sentiment du devoir accompli. « Entre 2013 et 2022, les soucis institutionnels, sanitaires et financiers ont obligé le Conseil d’Etat et le canton à produire une énergie transformatrice et à affronter les crises » rappelle le politicien un brin nostalgique. Il faut dire que l’homme de gauche laisse un héritage important même s’il reste à faire, en particulier dans les dossiers hospitaliers. « Face à la vétusté de l’hôpital de La Chaux-de-Fonds, il faut repenser l’hôpital dans son ensemble. Dans ce but, une construction au Crêt du Locle, à la croisée des chemins routiers et ferroviaires, n’a rien de farfelu et permettrait un ancrage plus solide du site et des missions cantonales dans les Montagnes ». « Quant au partenariat avec Volta, je salue l’investissement du RHNE et d’ADMED chez Volta. Cela permettra la complémentarité des missions entre le public et le privé pour le bien de l’ensemble de la population de nos quatre régions ».
Demain, une première depuis 1953, la gauche ne sera plus à la tête ni du département de l’économie ni de celui des finances. Cela laisse à penser que la droite veut faire mieux. « Il y a un risque de blocage si chacun considère que la gestion des finances et de l’économie est naturellement entre les mains de la droite et que la santé et l’action sociale reviennent évidemment à la gauche », fait remarquer le sortant. A l’heure du plein emploi, de la croissance du nombre d’habitants, alors que le canton respecte la plupart des critères du frein à l’endettement, la droite ne prend pas grand risque et fait jouer sa majorité. Côté finances justement, les fruits de la nouvelle législation fiscale peinent à montrer leurs effets sur la démographie, spécialement auprès des autres confédérés. Quelle est votre analyse ? « Tout est en place pour parvenir à de meilleurs résultats et nous y arriverons parce que notre canton offre toute une série d’avantages qui ne sont pas que fiscaux ».
Questionné sur les enjeux qui attendent la nouvelle équipe, le futur « simple citoyen » fait remarquer que « les crises ne s’annoncent pas à l’avance, nous en avons fait l’expérience ! En dehors de celles-ci, il reste de fabuleux enjeux comme celui de moderniser et d’assainir le patrimoine public ou de favoriser la cohésion cantonale » avant d’ajouter sous forme de conseil « face aux bons résultats financiers et démographiques, il serait faux de céder à l’euphorie. Il faut profiter de cette période pour consolider et anticiper ».
Muet sur ses futurs engagements, le futur ex-Conseiller d’Etat laisse entendre que son expérience qui allie finances et santé peut représenter un intérêt dans un système de santé, confronté au défi du financement des conséquences du vieillissement. « J’ai la chance d’avoir exercé ma fonction sans devoir me préoccuper du lendemain et en restant ainsi indépendant jusqu’au dernier jour… Avant de répondre à cette question, je profiterai de mars pour gérer la transition et d’avril pour me ressourcer ».