Votation cruciale sur la question des primes d’assurance maladie
Auréolé d’une victoire historique avec l’acceptation par le peuple et les cantons de la 13e rente AVS, Pierre-Yves Maillard va-t-il réitérer son coup politique de janvier dernier en gagnant son combat pour stopper la folie des primes d’assurance-maladie ? C’est l’un des enjeux majeurs des fédérales de ce dimanche. Proposant un plafonnement des primes à 10 % du revenu, l’initiative soutenue par la gauche affole les sondages. 56 % des personnes sondées l’acceptent, mais l’écart s’est réduit et des disparités régionales et linguistiques apparaissent clairement.
Une immense majorité de Suisses – 88 % – estiment qu’il est urgent d’agir. Mais les intentions de vote laissent entrevoir un Röstigraben. Si les Romands et les Tessinois plébiscitent l’initiative à 70 %, seuls 50 % des Alémaniques disent vouloir glisser un oui dans l’urne. Or, pour être acceptée, l’initiative doit obtenir la majorité du peuple – votants – et des cantons.
Vote le plus serré de l’histoire ?
Les politologues de l’institut de sondage gfs.bern s’attendent à une forte mobilisation du camp du non. L’argument principal des opposants – le risque d’une augmentation des impôts pour financer des aides supplémentaires – pourrait faire mouche. L’initiative du Centre pour freiner les coûts de la santé séduit aussi une majorité d’électeurs, mais dans une moindre mesure : 52 % des intentions de vote. Les deux initiatives semblent perdre du terrain et la votation de dimanche s’annonce comme l’une des plus serrées de l’histoire. Tous les regards se portent vers les cantons alémaniques qui pourraient faire basculer le résultat.
Primes moyennes à 18,5 % dans le canton de Neuchâtel
L’électorat alémanique est historiquement opposé à toute forme d’interventionnisme étatique. Beaucoup d’opposants interrogés outre-Sarine estiment ne pas devoir payer pour les cantons latins, dont Neuchâtel, considérés comme responsables de l’explosion des coûts de la santé, avec des patients plus enclins à solliciter un médecin. La gestion des hôpitaux romands est aussi mise en cause avec des déficits récurrents. Ces différences de sensibilité s’expliquent aussi par d’importantes disparités régionales.
Dans la plupart des cantons, les primes moyennes dépassent largement la barre des 10 %. Neuchâtel détient toujours la palme : 18,5 % du revenu. En cas d’acceptation de l’initiative, notre canton serait le principal bénéficiaire en termes d’économie. Tous les cantons en jouiraient, mais dans une moindre mesure.
La solidarité entre les cantons jouera un rôle capital. Avec des budgets qui eux aussi ont pris l’ascenseur. Le parti socialiste a dépensé 700 000 francs pour financer cette mère de toutes les batailles. À titre de comparaison, le Centre dispose d’un budget de 320 000 francs pour tenter de faire triompher son initiative. Quant au taux de participation, il est estimé à 48 %. À vrai dire, assez faible à considérer les enjeux politiques et sociétaux que les Suisses et Suissesses sont appelés à trancher.