Après le déficit de 22 mios en 2023, Philippe Eckert a des pistes pour corriger le tir
Cent jours se sont écoulés depuis l’entrée en fonction de Philippe Eckert au poste de président du conseil d’administration du RHNe. Vendredi dernier, l’heure était au bilan : « De nombreux atouts sont là et la qualité des soins est globalement haute. » Le site de La Chaux-de-Fonds reste-t-il le parent pauvre ? « Il y a plus de 100 millions d’investissements en cours, des échanges de spécialistes et une hausse de l’activité. Il est temps de tuer ce mythe ! », répond-il.
Mais les temps sont durs pour le réseau hospitalier neuchâtelois : le déficit 2023 a grimpé à 22 millions. Et le trou aurait même été de 34,5 millions sans le soutien extraordinaire de 12,6 millions du canton. Un bilan inquiétant pour le Conseil d’administration(CA). « On savait que c’était compliqué. La situation s’annonce aussi très difficile pour 2024 », prévient Léonard Blatti, directeur des finances. Les raisons ? « La pénurie de personnel spécialisé, l’inflation avec la hausse des coûts de l’énergie, un taux d’activité en baisse et la présence de patients en attente de placement EMS occupant en moyenne 33 lits, souvent au-delà de 40. »
Réorganiser sans licencier
Pour redresser la barre, le RHNe désire « revoir son fonctionnement pour faire face aux enjeux qui touchent les hôpitaux publics et assurer la pérennité de l’hôpital cantonal ». Une réorganisation structurelle complète doit répondre aux besoins des patients et retrouver l’équilibre financier. Des pistes ? « Renforcer la médecine de premier recours avec plus de généralistes, développer la chirurgie ambulatoire, lancer l’hospitalisation et la réadaptation à domicile ou travailler sur les rôles de chacun dans l’hôpital », suggère Philippe Eckert. Qui assure qu’aucun licenciement ne sera effectué.
Le CA veut élaborer une nouvelle stratégie 2024-2030 dans une démarche participative : « Avant de construire des hôpitaux, il faut poser une vision et se demander ce qu’on veut comme future institution hospitalière à Neuchâtel », indique Philippe Eckert. Les démarches sont déjà lancées avec dès la rentrée d’août « une réévaluation de l’ensemble des prestations hospitalières dans un souci d’efficience et avec la volonté de mutualiser certaines ressources ». De même, un programme d’optimisation du parcours des patients commence ce 10 juin.
Et bien sûr des « réflexions » quant à une répartition spatiale dans dix à quinze ans des activités ambulatoires et stationnaires, avec l’idée de créer un nouveau site au Crêt-du-Locle. Travail de fond à finaliser d’ici la fin du printemps 2025, mais toujours sans la comptabilité différenciée pourtant prévue par la loi, ce qui a le don de courroucer le groupe citoyen pour deux hôpitaux (lire ci-dessous). « Nous proposerons les stratégies, l’État aura le dernier mot », rappelle Philippe Eckert.