« Je suis Charlie, je suis Gérard, je suis la vaisselle, je suis les pots cassés, je suis un gros con… » Allez hop, tournez manège, on peut dire ce qu’on veut mais on ne peut pas tout dire non plus… Et la liberté d’expression a bon dos et commence à me les briser menu. Guillaume Meurisse en a fait les frais dernièrement en apprenant qu’il ne fallait surtout pas dire que Netanyahou est un nazi sans prépuce !
Quand j’ai entendu ça, mon sang n’a fait qu’un tour. Faisant partie de l’association pour la défense des sans prépuce antinazi, j’ai porté plainte contre cet humoriste qui nous a catalogués de nazis ! Non ! Le pire, c’est qu’il a réitéré cette blague complètement….naze ! Guillaume, les plus courtes sont les meilleures, lui ai-je rétorqué avec l’allant primesautier que vous me connaissez.
De même que certains nazis antisémites avec et sans prépuce et même non binaires ont porté plainte contre Ben lui reprochant de faire de l’appropriation culturelle ! Et maintenant, chaque fois qu’une femme qui daigne bien mettre son nez dans mes affaires ose me dire « Je ne savais pas que vous étiez….. » je la coupe immédiatement lui rétorquant : « Non Madame ! Détrompez-vous ! Je ne suis pas nazi ! » Voilà où on en est arrivé…
Et on nous tartine de « j’ai le droit d’être qui je veux, j’ai le droit de dire ce que je veux, j’ai le droit de faire ce que je dis, j’ai le droit d’être ce que j’ai le droit de dire ce qu’on me dit de penser… » Alors que les mêmes théoriciens de la bien-pensance interdisent, jugent et condamnent tous ceux qui disent le contraire devenant finalement les mêmes bourreaux…
La liberté d’expression c’est un peu le 49.3 des p’tits drôles. On peut tout dire, même la merde a droit à son prime time, le reste n’étant même plus rigolo sans la finesse.
Charlie Hebdo avait poétiquement tenté les caricatures de Mahomet le cul à l’air. On avait senti là, soit une fin de règne de l’humour qu’on aimait bien, soit un problème non résolu avec la petite enfance, soit un problème de burnes out. Dans tous les cas, les vendeurs de T-shirt et de morale culpa ont fait leur beurre comme Vigipirate qui a maintenant pignon sur rue. Et celles et ceux qui n’étaient pas « Je suis Charlie » ont fini dans le camps des douteux. Dans la dynastie du Grand Moije, on n’a pas le droit de ne pas être.
Avant, on pouvait rire de tout mais pas avec n’importe qui, maintenant, on ne peut rire de rien mais avec n’importe qui… ce qui représente, vous le constaterez, un progrès notoire qui nous rassure tous à l’aube de l’obscurantisme des illuminés.