Un mort, plusieurs blessés et d’importants dégâts, notamment sur le tissu industriel du Crêt-du-Locle. Tel est le bilan de l’orage supercellulaire, mélange de rafales descendantes et d’une probable tornade, qui a frappé La Chaux-de-Fonds le 24 juillet 2023. Aujourd’hui, la plupart des entreprises sont presque entièrement restaurées. Une année après, des patrons racontent les dommages subis et expliquent comment leurs sociétés se sont reconstruites (photos dr). Voici leurs témoignages.
Voir Le Ô du 14 juin 2024 sur l’émission spéciale Temps Présent.
Redécollage impeccable d’ATM
« La tempête a brisé d’un coup les larges fenêtres, environ une quinzaine », raconte Craig Chapman, responsable transport et opérations chez ATM Global Logistics SA, spécialiste du transport (air, terre, mer, prestataire logistique et agence en douane).
« Les employés présents – plusieurs autres étaient par bonheur en vacances –, se sont cachés sous leur table pour éviter les éclats de verre », raconte Julie Gerber, responsable des ventes et du réseau. « Heureusement, personne n’a été gravement blessé. Seuls quelques points de suture ont été nécessaires. »
La perte en matériel a été moindre que chez les sociétés voisines. « Nous avons eu de la chance, répond Craig Chapman. Nous avons perdu une vingtaine d’ordinateurs et de nombreux pupitres. Les dégâts se sont aussi étendus aux panneaux solaires sur le toit et à plusieurs véhicules autour du bâtiment. »
Malgré l’ampleur des dommages, ATM Global Logistics SA a réagi vite. « Nous avons pris place dans d’autres bureaux et repris nos activités dès le lendemain. Nos opérations n’ont été interrompues que pendant deux heures », explique Craig Chapman.
La solidarité a été remarquable. « Personne ne s’est mis en arrêt-maladie, malgré le choc. Le service RH a été mobilisé pour soutenir les collaborateurs et des services techniques ont été sollicités pour réparer les bâtiments. » Les travaux se sont achevés au début de l’été.
Des mesures préventives après la bourrasque ? « Nous avions déjà un PCA, autrement dit un plan de continuité des affaires, que nous avons pu appliquer pour cette catastrophe. Une structure informatique renforcée pallie les urgences, comme les dangers naturels. Sans cela, il aurait été plus compliqué de reprendre notre activité si vite », relève Craig Chapman, qui souligne l’impact psychologique persistant. « À chaque orage ou coup de vent, l’appréhension revient. Ce n’était pas juste une tempête vue à travers les vitres, l’été dernier. »
FKG dentaire plus belle qu’avant pile un an après
« La tempête a touché notre entreprise de tous les côtés », confie, encore ému, Jacques Suter, directeur-adjoint de FKG dentaire, spécialisé dans les produits dentaires et orthodontiques. « Il y a eu pour 3 millions de dégâts. Heureusement, aucun des dix employés n’a été blessé. »
Ce jour-là, il était à l’usine. Ce qu’il s’est dit sur le moment ? « Qu’une solution allait être trouvée pour tout remettre en route pour la reprise, quinze jours après ». Le choc ? Il l’a ressenti plus tard. Avec le recul. En regardant le reportage de l’émission Temps Présent sur les traumatismes subis par des Chaux-de-Fonniers lors des rafales terrifiantes du 24 juillet 2023.
« Les façades, la toiture et les stores ont été très endommagés », raconte-t-il. « L’urgence a soudé le personnel présent. Tous ont mis la main à la pâte, en pompant l’eau ou en faisant du nettoyage. Par attachement à leur travail et à l’entreprise. »
Deux jours après, le bâtiment était sécurisé, une semaine plus tard, les alentours. « Nous n’avons en revanche pas pu aider les paysans à déblayer leurs champs des débris, nous étions peu nombreux. Les bénévoles qui se sont dévoués à cette tâche ont pu venir à notre cafétéria. »
Il a fallu ensuite trouver les bons corps de métier pour les tâches spécifiques. « Beaucoup étaient en vacances. » Il a été par exemple ardu, au départ, d’obtenir des échafaudages. « Puis on en a vu se dresser partout en même temps », note Jacques Suter.
A cause de la toiture très impactée, il a fallu gérer des infiltrations d’eau pendant neuf mois, lors de chaque pluie.
FKG dentaire, dotée d’une installation solaire, a dû modifier les fixations et autres éléments. « La nouvelle manière de faire tiendra-t-elle le coup ? Je n’en sais rien », s’interroge Jacques Suter.
Ce qui est sûr, c’est que les travaux de reconstruction ont touché à leur fin le 24 juillet dernier. « Pile un an après la tempête. »
À Landi, on a su se réfugier…
« C’est surtout à l’intérieur du magasin que la tempête a frappé », rappelle Michaël Leuba, directeur de Landi Région Neuchâtel.
Les violentes rafales se sont infiltrées du côté jardin, où beaucoup d’arbres ont été abîmés, et vers l’entrée, où la porte métallique a été pliée par les rafales. Elles ont brisé le plexiglas et mis le matériel sens dessus dessous. « Leur force a projeté les cabanes de jardin, déplacé une camionnette de dix mètres et éparpillé des bonbonnes de gaz. Ce qui a nécessité l’intervention rapide des pompiers. »
Quinze personnes, employés compris, étaient présentes. « Elles ont eu le bon réflexe de se rassembler dans les zones aux parois en dur », souligne Michaël Leuba. « Aucun blessé : une chance inouïe. »
La remise en état a commencé dès la fin de la bourrasque. « Nous avons fermé le magasin et fait appel à des collaborateurs de nos autres sites, à Cornaux, Bevaix et Môtiers », explique le directeur, discret sur le montant des dégâts. En une journée, 75% du magasin était à nouveau opérationnel et en trois jours, grâce à 215 heures de travail des 25 collaborateurs, tout est rentré dans l’ordre. « Je suis fier d’eux, ils ont été des chefs! »
Les vélos endommagés ont été donnés à des associations et à des entreprises avec employés en réinsertion professionnelle. « Les réparer aurait coûté plus cher que le produit de leur vente », indique le directeur. « Nous avons aussi donné des cartons et d’autres articles, impactés, mais encore en état, à des structures parascolaires et des crèches. »
Peu après la tempête, un panneau de photos a montré les étapes de remise en état. « C’était nécessaire pour mes collaborateurs », commente Michaël Leuba. « Les dommages externes ayant été moins visibles que chez nos voisins, on leur disait souvent: « Vous avez eu peu de dégâts, quelle chance ! » Cela les minait après tout leur travail pour rendre le magasin à nouveau praticable. »