Si une chose retient l’attention après l’orage dévastateur d’il y a un an, que les mémoires mettront des décennies à oublier, c’est l’entraide. Celle des premières minutes bien évidemment mais aussi celle des mois qui ont suivi pour sauver, aider et reconstruire. Humainement, la tempête a fait des désastres en marquant des personnes qui auront besoin peut-être de toute une vie pour se remettre. Matériellement, dans la nature, il faudra aussi des années pour effacer les affres de la tempête du 24 juillet 2023. Pour accompagner la reconstruction des âmes et des choses ; un point commun, La solidarité. Regard dans le rétroviseur, encore sous le choc des images de Temps Présent de la RTS, Le Ô fait le point avec Jean-Michel Brunner, directeur de l’ECAP.
Comment avez-vous vécu le choc ?
J’étais dans le Jura français, sans moyen de connexion, hormis de temps à autres avec le wifi. C’est Alain Ribaux qui m’a appris la catastrophe, il était 13 heures. Sans les images, difficile de prendre conscience du cataclysme sur le moment mais la réalité des faits a ensuite très vite pris le dessus.
Dégâts très sous-estimés, pourquoi ?
Le survol en hélicoptère et le premier constat des dégâts aux toits et aux façades ont permis de poser une fourchette, mais nous étions loin d’imaginer des dégâts internes aux bâtiments si importants.
Avez-vous renforcé vos équipes ?
Oui, en engageant deux experts et quatre temporaires dont trois sont devenus des collaborateurs-trices fixes. Bien que les expériences de 2019 (Dombresson) et 2021 (grêle à la CDF et lave torrentielle à Cressier) aient joué un rôle formateur, six généralistes du bâtiment externes ont été nécessaire pour renforcer nos équipes.
Où en est le règlement des sinistres ?
À ce jour, nous avons quittancé 650 cas sur 3000 et versé 54 millions. De plus, des accords de travaux ont été donnés pour 33 millions alors que nous sommes dans l’attente de devis à recevoir pour un montant de 45 millions. Si le phénomène peut surprendre, nous patienterons encore un peu avant de relancer nos assurés, sachant que leur sinistre a été reconnu.
Inquiet pour les finances de l’ECAP ?
Notre métier, c’est l’assurance ; notre rôle principal est la couverture du risque. Bien que 132 millions soit un montant énorme, je ne suis pas inquiet car une telle situation se prévoit. L’ECAP n’est pas seul au milieu du désert ; il peut compter sur ses réserves, sur un pot commun alimenté par une vingtaine d’ECA suisses, et un montant versé par les réassureurs. Au final, sur le décaissement total de 132 millions, nous verserons probablement 35 millions. Non, l’inquiétude réside plutôt dans l’augmentation des catastrophes naturelles comme celles du Tessin, du Valais ou encore de Lucerne 2021 (400 millions de dégâts).
L’HE-Arc fait état de fraudes aux assurances. Vous veillez au grain ?
Oui, et contrairement aux privés qui doivent se montrer souples pour garder le client, nous ne transigeons pas. Souvent réglés à l’amiable, il arrive que des litiges se terminent devant le juge avec une condamnation de l’escroc. Auprès des fournisseurs, nous sommes très attentifs pour vérifier devis et factures. Par exemple, nos experts ont corrigé « l’erreur » d’un artisan qui avait facturé une prestation quatre fois son prix. Pour les devis supérieurs à CHF 20 000.- nous appelons systématiquement pour bénéficier de rabais et d’escomptes.
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