Il était une fois une crise nommée COVID-19. Les victimes, survivantes de ce minuscule coquin hérissé de petites trompettes prêtes à vous la jouer « je t’aime, je te tue », avaient juré « croix de bois croix de fer, désormais j’achète local, je soutiens les maraîchers et autres artisans du coin, je me mets à la bicyclette, je voyage en train ».
Fini les excès, ils avaient compris le message, eux les pollueurs heureux et innocents. On ne parle pas des vrais pollueurs, entreprises en tout genre, massacrant la planète avec la bénédiction des politiques. Fichtre, et les bénéfices des actionnaires, morbleu ?
Les canaux de Venise avaient retrouvé des eaux limpides ou rebatifolaient des espèces de poissons disparues, les mégapoles recommençaient à respirer. Dans les barres de béton des grandes banlieues se déroulaient des drames familiaux, dégâts collatéraux du petit coquin.
Et puis celui-ci en a eu marre de se battre contre la chimie, il s’est replié quelque part, affûtant ses armes pour une prochaine attaque un peu plus sérieuse.
Le temps de retrouver une certaine liberté était revenu. Et avec lui, l’oubli des promesses. L’Homo sapiens a d’instinct retrouvé le chemin de la surconsommation, des achats compulsifs et… des voyages. Pour preuve, la direction d’Airbus annonce la vente de 11 % de plus d’avions en 2023 qu’en 2022. Et le carnet de commandes s’élevait à… 8598 coucous fin 2023. Les affaires ont repris !
Selon la RTS, l’Association du transport aérien international (IATA) « anticipe un record de 5 milliards de passagers transportés cette année », soit un remplissage des avions de « seulement » 83,4 %. Prenez Heathrow, l’aéroport londonien, il a enregistré 39,8 millions de voyageurs durant le premier semestre 2024, avec une journée chargée, le 30 juin et ses 268 000 quidams empruntant 1300 vols. Un vrai cauchemar.
« On ne voyagera plus qu’en train », ils avaient dit !
Dernières parutions : La Chambre noire, récit, Favre éd., Lausanne, 2023 ; Hibakusha – Oppenheimer, le défi des parias, théâtre, éd. Grand Cargo, La Chaux-de-Fonds, 2024