La Chine et l’Afrique ou la diplomatie du chéquier

Par Olivier Kohler

« La floraison au printemps donne des fruits en automne. » C’est le préambule du discours de Xi Jinping tenu dans l’immensité du palais du Peuple de Pékin devant un parterre de chefs d’État africains.

Cinquante-trois pays accueillis en grande pompe pour assister au sommet Chine-Afrique organisé par le géant chinois. Au programme pour chaque participant, une audience personnelle de 30 à 40 minutes avec le président chinois et la garantie quasi immédiate de repartir au pays avec une manne financière conséquente.

Cinquante milliards de dollars d’investissement viennent d’être alloués par Pékin aux pays africains. Depuis une décennie, le modèle chinois est éprouvé. Exploiter l’immensité des ressources du continent en échange d’espèces sonnantes et trébuchantes pour financer des grands projets d’infrastructure : réseau ferroviaire et routier, barrages et centrales hydroélectriques, construction de stades, d’hôpitaux et… de mosquées.

Les ambitions chinoises sur sol africain paraissent sans limite et sonnent définitivement le glas de l’influence française – en rivalité avec la Russie qui accentue elle aussi sa présence militaire et économique sur le continent africain.
Après la diplomatie sanitaire et le soutien aux mouvements d’indépendance dans les années soixante, la Chine développe une stratégie de « soft power » envers les puissances africaines non seulement pour répondre à ses besoins en matières premières mais aussi pour s’attirer des soutiens inconditionnels dans le nouvel ordre mondial en devenir.
Une diplomatie du chéquier joliment résumée par le sinologue français Emmanuel Veron : « Pékin veut sanctuariser ses approvisionnements et délégitimer l’Occident en Afrique. »

Avec la volonté de s’affirmer comme le leader incontesté du Sud global dans la guerre d’influence engagée entre Pékin et Washington dans leur quête de suprématie mondiale.

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