Alors qu’un futur site unique est de nouveau évoqué, le président veut rassurer : « Croyez-moi, les Chaux-de-Fonniers et les Montagnes ne sont pas oubliés. »
Celui qui a accompli une partie de sa scolarité à Fleurier puis le gymnase à Neuchâtel pilote le RHNe depuis le 1er mars 2024. Interniste et intensiviste de formation, il s’est fait connaître au CHUV pour y avoir piloté le service de médecine intensive adulte et le centre des brûlés, réorganisé les soins intensifs et dirigé l’hôpital universitaire de 2020 à 2022. Parti en raison de divergences internes, il est aujourd’hui le directeur de la clinique bernoise à Montana et préside le RHNe.
Entretien avec le boss juste avant de connaître les hausses des primes maladies pour 2025.
– Après 200 jours, comment vous sentez-vous dans le fauteuil stratégique de président ?
– Je mesure l’ampleur de la tâche et les nombreux défis qui attendent le RHNe. Délivrer des soins de qualité, combattre la pénurie de soignants et de médecins et prendre les bonnes mesures pour atteindre l’équilibre financier. Les challenges ne manquent pas !
– On reprochait à votre prédécesseur de ne pas mettre les mains dans le moteur. Et vous ?
– En qualité d’administrateurs, nous mettons « les mains dans le moteur » pour arbitrer les situations et épauler la direction dans ses actions. J’ajoute que dans la période de « reengineering » de l’hôpital, il est important d’accompagner l’évolution des processus.
– Comment faire évoluer vite le système pour éviter la chronicité des hausses de primes ?
– En coordonnant davantage les soins ; en veillant à ce que les tâches soient exécutées par les professionnels engagés pour le faire et en répondant aux besoins et aux souhaits réels des patients.
– On accuse les Neuchâtelois de coûter cher aux assurances, pourquoi ?
– Le prix de la prime est le reflet des coûts de la santé, c’est certain. Un début de réponse est à rechercher dans le vieillissement de la population, dans le manque de médecins généralistes et dans la redondance d’examens.
– Vous avez déclaré qu’un hôpital cantonal unique ne doit pas être tabou. Où en est la réflexion et la parcelle réservée au Crêt-du-Locle ?
– La parcelle est toujours réservée et le restera je l’espère aussi longtemps que les options présentées à l’été 2025 au Conseil d’état n’auront pas débouché sur une décision des autorités politiques, choix du Grand Conseil. Avant le choix des sites, nous devons prévoir l’évolution des soins sur vingt ans en tenant compte des progrès de la médecine.
-Vos propos et ceux de Frédéric Mairy sur une solution à un hôpital de soins aigus crispent la population des Montagnes, comment la rassurer ?
– RHNe est une institution cantonale qui vise à délivrer les meilleures prestations sur tout le territoire. Croyez-moi, les Chaux-de-Fonniers et les Montagnes ne sont pas oubliés.
– RHNe a bouclé 2023 sur une perte ordinaire de 34,5 mios de francs, ramenée à 9,5 mios grâce à deux versements de l’état. Quelle est la tendance pour 2024 ?
– Nous ferons mieux qu’en 2023 mais moins bien que budgété. La situation est tendue avec des tarifs hospitaliers qui ne compensent pas l’inflation. Pour parvenir à l’équilibre, nous prenons des mesures urgentes en plus des améliorations déjà en place mais le temps de réaction du paquebot RHNe n’est pas celui d’une goélette : c’est à Genève qu’il faut inverser la vapeur pour ne pas rater le port d’Ouchy.
– Le budget RHNe prévoit un déficit de 14 mios en 2024 malgré une aide directe de l’état de 47 mios (PIG), comment justifier cette perfusion ?
– Comme hôpital public nous effectuons des prestations d’intérêt général, médicales et non-médicales. Certaines tâches de santé publique de même que des dédommagements pour l’organisation multisite sont financés par l’état.
– Vous qui êtes favorable aux partenariats, pourquoi ne pas fusionner CNP et RHNe ?
– Chaque institution a son histoire. Aujourd’hui, sur mandat de l’état, avant de discuter « fusion », nous posons les jalons d’une collaboration efficace avec le CNP.
– À l’heure des réseaux de soins intégrés, qu’attend RHNe pour présenter un modèle du type de Morges ou Saint-Imier ?
– Notre prise de participation dans le groupe Volta va dans le sens d’une coordination des soins autour du patient.