Le 10 octobre 1953, les ministres annoncés n’étaient pas là. Et la Suisse a dû adapter sa délégation en conséquence…
La date du 10 octobre 1953 avait été choisie pour la manifestation marquant l’inauguration officielle du barrage du Châtelot. Bien à l’avance, la presse annonçait cet événement comme la conclusion heureuse d’une aventure issue d’une collaboration entre deux états. La France pavoisait en claironnant la présence de plusieurs ministres à la tête d’une imposante délégation venue de Paris et des départements concernés. Pour ne pas demeurer en reste, la Suisse s’alignait et faisait savoir que la Berne fédérale participerait aux festivités officielles avec au moins deux conseillers fédéraux.
L’instabilité à l’époque des autorités françaises et ses répercussions sur la gouvernance politique ont eu pour conséquences de modifier en plusieurs étapes la liste des personnes appelées à représenter outre-Doubs la République. Ce sont d’abord les ministres qui ont disparu des invités. Ils ont été remplacés par des sous-secrétaires d’État. Lesquels ont ensuite également été balayés du tableau d’honneur. Pour laisser la place à qui ? Au préfet du département du Doubs M. Lafont, au sénateur du Doubs, M. Pernot et à l’ambassadeur de France à Berne, M. Chauvel.
Face à cette dérobade, la Suisse a été contrainte de procéder à des changements de personnalités afin de respecter les règles du protocole gradué. Ont représentés notre pays : M. Comment, juge fédéral, M.Leuba, président du Conseil d’État de Neuchâtel et MM. Guinand, Clottu et Sandoz, conseillers d’État. M. Jaquet, directeur des douanes françaises à Besançon et M. Borgeaud, directeur du 5e arrondissement des douanes suisses étaient aussi de la partie, de même que les représentants des communes riveraines des deux côtés du Doubs.
Les quelque 180 invités ont été partagés en 3 groupes pour la visite le matin des installations des deux ouvrages, le barrage et l’usine électrique. Un riche buffet froid a été servi par la maison Moreau de La Chaux-de-Fonds. À 12 h 30, les cars ont pris le chemin de la Vue-des-Alpes où a été servi le banquet officiel.
Pour les ouvriers, qu’ils soient ou non invités aux agapes, ce 10 octobre a été un jour de congé payé.
Clap de fin pour cette série !
Ce XXIIe épisode clôt cette série proposée par le journal Le Ô, « Si le barrage m’était conté. » Merci à Jean-Pierre Molliet, qui a puisé dans les albums de son père Jean Molliet des photos qui ont permis à la bibliothèque de la ville de La Chaux-de-Fonds d’identifier le photographe inconnu dont elle détenait nombre de clichés sur la construction de l’ouvrage, toujours en fonction aujourd’hui. (gs)