Dimitri Viglietti ressuscite un écrit d’émile Gnehm.
Connaissez-vous émile Gnehm ? Il y a peu de chances. C’est un Loclois qui a vécu de 1882 à 1972 et qui, au soir de sa vie, a pris la plume pour décrire le monde dans lequel il avait vécu. Il naît dans une ville sans voitures ni électricité et meurt après les premiers pas de l’homme sur la Lune. Vertigineux ! Boulanger puis restaurateur, il a bourlingué, généralement à pied, en Suisse, en France, en Allemagne.
Il a laissé une centaine de pages manuscrites, destinées à ses enfants, que l’historien (autodidacte, précise-t-il) Dimitri Viglietti vient de publier (éd. Sur le Haut). Il a découvert l’évocation précise, souvent analytique, de la vie des « petites gens » d’antan, et un engagement viscéral dans les luttes sociales – Gnehm crée le premier syndicat de la boulangerie à Genève en 1907 et y obtient un premier contrat collectif. Il aura fallu quelques grèves…
Ce sont aussi trois guerres qu’émile Gnehm traverse, la première (1870) par les souvenirs encore vivaces de la débâcle des Bourbakis, puis les deux mondiales du XXe siècle. Avec un regard curieux sur la vie quotidienne des gens, suivi de propos presque sociologiques.
Relisant son manuscrit peu avant sa mort (1972), il aura ce commentaire visionnaire : « Des pays soi-disant épris de paix qui, par leurs idéologues, soumettent le monde à leur dictatutre policière et liberticide par la violence : jeunes générations, vous ne savez pas ce qui vous attend ! » (fn)