Œuvres d’art au cimetière ! 

Par Anthony Picard

Les Montagnes regorgent de lieux emblématiques. Cette certitude m’a amené à visiter l’un d’eux : le bâtiment qui abrite, depuis 1910, le crématoire de La Chaux-de-Fonds ! L’intérieur comme l’extérieur du monument regorgent d’œuvres de l’artiste Charles L’Eplattenier et de ses élèves de l’école d’art.

À l’entame du XXe siècle, grâce au don du fabricant de boîte Ali Jeanrenaud, débute l’architecture de ce bâtiment technique. Réalisée selon les plans de l’architecte communal Robert Belli, les spécialistes estiment que la construction a été influencée par L’Eplattenier et René Chapallaz. Au fil des décennies – avant la pose de la première pierre et jusqu’en 1936 – le maître s’est montré particulièrement actif pour embellir ce lieu mythique.

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine pour la ville, répond aux questions du Ô.

– Avant d’entreprendre la déco­ra­tion du crématoire, Charles L’Eplattenier a-t-il réalisé des croquis ?
– Oui, la bibliothèque de la ville conserve de nombreux dessins et esquisses préparatoires à ses interventions. Que ce soit pour les quatre peintures murales de l’intérieur (réalisées en 1912) ou pour les mosaïques extérieures (réalisées en 1926), le fonds Charles L’Eplattenier conserve de nombreuses archives.

– Une totale liberté a-t-elle été laissée à l’artiste et à ses élèves ?
– Oui, c’est le cas ! Toutes les œuvres évoquent des thèmes liés à la vie et à la mort. Dans la salle, en Ouest, face au public, La mort, la douleur, et la paix s’oppose, en Est, à Le feu purificateur. Au Nord, l’œuvre Le Souvenir fait face au Silence. à l’extérieur, les mosaïques de grandes dimensions, qui habillent les façades Nord et Sud depuis 1927, représentent Le triomphe de la vie et Vers l’au-delà. Quant au travail d’embellissement, réalisé par les élèves de l’École d’art et par les Ateliers d’art réunis, les rapports de commission des années 1908-1909 et 1909-1910 de l’École d’art font état du travail mené par les élèves pour la décoration du crématoire. Le second mentionne même que « tous les motifs de décoration ont été trouvés par les élèves et ont donné lieu à de patientes recherches ».

– La richesse des mosaïques contraste avec la sobriété des peintures intérieures, y a-t-il des explications ?
– Entre 1926 et 1927, soit quinze ans après la décoration intérieure, Charles L’Eplattenier réalise les mosaïques extérieures. Autre technique, autre style pour ces fresques dont l’intensité des couleurs est très probablement liée au fait qu’elles sont à l’extérieur et qu’elles doivent se voir de loin.

– Il n’apparaît aucun symbole religieux, pourquoi ?
– La réalisation du crématoire a pu se faire grâce au don de l’industriel Ali Jeanrenaud. C’est dans cette volonté laïque que la décoration a été pensée et réalisée.

– A-t-on une idée du nombre d’heures consacrées par l’artiste et ses élèves ?
– Non. Les rapports de la commission de l’école d’art montrent que Charles L’Eplattenier accompagne ses élèves pour les décorations intérieures en 1909 et 1910. Il réalise ensuite de manière autonome les peintures murales intérieures en 1912 et les mosaïques extérieures en 1927.

– La conservation des peintures de l’intérieur – la paroi Est en particulier – nécessite un travail de restauration. Est-il planifié ?
– Le crématoire est un bien culturel de très haute qualité, sous protection du canton et inscrit à l’inventaire fédéral des biens culturels d’importance nationale. Il est l’objet d’une attention particulière et une réflexion en vue d’une future restauration est en cours.

Horaires d’ouverture
LU–VE : 08 h–11 h 30, 14 h–16 h 30
Rue de la Charrière 106,
2300 La Chaux-de-Fonds

Une œuvre d’art totale

Qualifiée d’œuvre totale par Jean-Daniel Jeanneret en 1996 dans la brochure qui relate la construction du crématoire, le site qui mérite le détour a ceci de particulier qu’il associe au lieu un nombre et une variété d’œuvres impressionnants. Sculptures, mosaïques, scènes peintes à l’huile, le lieu est indissociable de la vie de l’artiste Charles L’Eplattenier (né en 1874 à Neuchâtel et mort accidentellement aux Brenets en 1946). Si aucune statistique n’est tenue, ce sont chaque année plusieurs dizaines de personnes qui viennent chercher la clef auprès de l’administration du centre funéraire de la Métropole horlogère.

 

Renseignements généraux

90 % des défunts sont incinérés. Très populaire, la crémation des corps chez les protestants s’est généralisée aux catholiques après la déclaration du pape Paul VI en 1964, autorisant cette pratique qui remonte à la préhistoire. Aujourd’hui, les registres recensent une proportion de 90 % de défunts incinérés. Le périmètre géographique du crématoire de La Chaux-de-Fonds ne se limite pas aux citoyens de la ville mais s’étend à l’ensemble des Montagnes, à la vallée de La Brévine, aux Franches-Montagnes, à l’Ajoie ainsi qu’à une part du Jura bernois. Florence Gasser dirige une équipe de trois personnes qui travaillent en rotation pour planter des fleurs, tailler les haies et entretenir le centre funéraire.

Cimetière des éplatures désaffecté en 2032
Il y a trois cimetières sur le territoire communal. Celui des éplatures sera désaffecté en 2032. Quant au cimetière israélite, celui-ci n’accueille que des personnes inhumée. En 1910, la ville tablait sur le doublement de ses 37 000 habitants ce qui explique le faible tournus sur les parcelles du cimetière. En matière de regroupement, la loi n’autorise qu’un cadavre par fosse si bien que lorsqu’une tombe accueille plusieurs défunts, le premier sera inhumé et les suivants incinérés.

 

Mosaïque sud « Le triomphe de la vie », signée Charles L'Eplattenier. (photo ap)
Mosaïque sud « Le triomphe de la vie », signée Charles L'Eplattenier. (photo ap)

Une œuvre d’art totale

Qualifiée d’œuvre totale par Jean-Daniel Jeanneret en 1996 dans la brochure qui relate la construction du crématoire, le site qui mérite le détour a ceci de particulier qu’il associe au lieu un nombre et une variété d’œuvres impressionnants. Sculptures, mosaïques, scènes peintes à l’huile, le lieu est indissociable de la vie de l’artiste Charles L’Eplattenier (né en 1874 à Neuchâtel et mort accidentellement aux Brenets en 1946). Si aucune statistique n’est tenue, ce sont chaque année plusieurs dizaines de personnes qui viennent chercher la clef auprès de l’administration du centre funéraire de la Métropole horlogère.

 

Renseignements généraux

90 % des défunts sont incinérés. Très populaire, la crémation des corps chez les protestants s’est généralisée aux catholiques après la déclaration du pape Paul VI en 1964, autorisant cette pratique qui remonte à la préhistoire. Aujourd’hui, les registres recensent une proportion de 90 % de défunts incinérés. Le périmètre géographique du crématoire de La Chaux-de-Fonds ne se limite pas aux citoyens de la ville mais s’étend à l’ensemble des Montagnes, à la vallée de La Brévine, aux Franches-Montagnes, à l’Ajoie ainsi qu’à une part du Jura bernois. Florence Gasser dirige une équipe de trois personnes qui travaillent en rotation pour planter des fleurs, tailler les haies et entretenir le centre funéraire.

Cimetière des éplatures désaffecté en 2032
Il y a trois cimetières sur le territoire communal. Celui des éplatures sera désaffecté en 2032. Quant au cimetière israélite, celui-ci n’accueille que des personnes inhumée. En 1910, la ville tablait sur le doublement de ses 37 000 habitants ce qui explique le faible tournus sur les parcelles du cimetière. En matière de regroupement, la loi n’autorise qu’un cadavre par fosse si bien que lorsqu’une tombe accueille plusieurs défunts, le premier sera inhumé et les suivants incinérés.

 

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