Point commun entre les Cantonales du 23 mars 2025 et la ville de Genève : le parti socialiste a le vent en poupe ! Élus au premier tour au Conseil d’état, Frédéric Mairy et Florence Nater ont flambé, tout comme la Chaux-de-Fonnière Christina Kitsos qui pointe en tête après le 1er tour des municipales à Genève. La quadragénaire, une des cheffes de file du PS en Suisse romande, réalise une carrière météorique. Née à La Chaux-de-Fonds en 1981, elle s’est construite dans la Métropole horlogère avant de s’installer au bout du lac Léman en 2008.
Christina est la plus jeune de la famille Kitsos, venue s’établir à La Chaux-de-Fonds dans les années 1970. Arrivés de Grèce pendant la dictature des Généraux, ses parents s’installent dans les Montagnes. Le couple aura 2 enfants ; Philippe, avocat au barreau et Christina, la femme politique. Après un parcours scolaire dans la Métropole, la cadette décroche son master en lettres et sciences humaines à l’université de Neuchâtel puis un master en lettres modernes effectué à l’université de Paris-Sorbonne. De 2005 à 2008, elle est prof de français et de philo à l’Ester, activité complétée en 2007 et 2008 par un poste d’assistante parlementaire auprès de Didier Berberat. Après avoir siégé comme députée au Grand Conseil neuchâtelois de 2005 à 2008, elle part s’établir à Genève, canton où elle intégrera le département du conseiller d’état Charles Beer pour s’occuper de la communication avant d’être nommée secrétaire générale.
À 13 ans, elle débute son parcours politique au parlement des jeunes de La Chaux-de-Fonds. Dix ans plus tard, elle adhère au PS. Celle qui a fait de l’intégration son credo se bat pour davantage de justice sociale. élue à la municipalité de Genève en 2020, elle conduit le département de la cohésion sociale et de la solidarité. Elle qui assure la présidence de la ville depuis le 1er juin 2024 laissera son fauteuil de maire à fin mai, soit un peu plus d’un mois après le second tour des Municipales.
Notre grande interview !
– « Ce qui nous lie » est le slogan de votre année de mairie, dites-nous en davantage ?
– J’ai choisi de centrer mon année de mairie sur « ce qui nous lie », ce qui fonde notre contrat social et renforce nos solidarités. Dans un contexte socio-économique et géopolitique instable, il est plus que jamais nécessaire de réaffirmer notre attachement à un destin commun et à des valeurs de paix, d’égalité et de justice sociale, ce qui se traduit aussi par des actions de proximité.
– Et ces actions justement ?
– Je citerais les « découvertes de quartier ». Le succès est au rendez-vous parce qu’elles permettent de présenter et rencontrer les différentes institutions, associations et activités d’un quartier. En musique, autour d’une verrée, le moment se veut précieux et convivial. Ces visites se poursuivront au-delà de mon année de mairie.
Le 1er août, nous avons invité pour l’événement des sonneurs de cloches venus d’Appenzell et des artistes colombiennes. Une première qui a permis de lier les communautés par la musique et les traditions. Pour l’anecdote, je précise qu’inviter les sonneurs appenzellois n’a pas été simple car, en temps normal, ils ne se déplacent pas.
Il y aussi eu un brunch du terroir, des « Vogues » dans les quartiers, les 100 ans de la Déclaration de Genève sur les droits des enfants et son autrice Eglantyne Jebb, ou encore, dernier événement en date, un afterwork « Bestial » au musée d’art et d’histoire. Particularité de cette soirée, ce sont des associations qui ont participé aux performances artistiques.
Enfin, je n’oublierai pas les 76 ans de la déclaration des droits de l’homme que nous avons célébré au Victoria Hall en novembre dernier. Au programme de la soirée, un livret qui a combiné des articles de la déclaration avec les citations de grands personnages comme Eleanor Roosevelt.
– D’autres événements à venir ?
– La ville inaugurera en mai des tables de jeux d’échecs dans deux parcs et organisera un tournoi en présence d’une championne fédérale d’origine ukrainienne.
– Ce qui vous lie encore à La Chaux-de-Fonds ?
– C’est la ville qui m’a vu naître et m’a forgée. Sachant que les années d’enfance marquent notre vie, j’y suis naturellement et à jamais liée. Les couleurs, les senteurs, la lumière de l’hiver m’imprègnent toujours et j’adore y revenir. La dernière fois, j’ai même pu bénéficier de bonnes conditions pour faire du bob. Que ce soit en famille ou entre amis, c’est un plaisir de revoir les proches comme Théo Bregnard, membre de l’Exécutif de la ville et ancien collègue de l’Ester.
Il y a aussi les liens professionnels. En janvier, j’ai organisé ma visite de maire dans les villes de Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds. à l’aube de l’événement qui fera de la cité des Montagnes la capitale culturelle de la Suisse, nous continuerons les échanges entre villes horlogères.
– Quels souvenirs forts gardez-vous de ces années dans la Métropole horlogère ?
– Les cours de théâtre pour enfants que j’ai suivi au TPR du temps de Charles Joris et Jacqueline Payelle. Un TPR qui résonne toujours dans mon cœur grâce à Anne Bisang, une amie proche. Il y a aussi le sport avec l’anneau d’athlétisme et le demi-fond, ou encore mon parcours de basketteuse dans une équipe 100 % masculine à mes débuts, puis au sein de la sélection neuchâteloise féminine. J’aime aussi me rappeler du footing du dimanche matin sur les rives du Doubs, à la Sombaille ou du côté de Pouillerel.
– Comment évoluera selon vous La Chaux-de-Fonds ?
– La ville a un potentiel énorme, je suis convaincue qu’elle a tout pour être attrayante.
– Vous doit-on l’initiative des 400 arbres offerts par Genève après la tempête du 24 juillet 2023 ?
– Après que la ville de La Chaux-de-Fonds a adressé sa demande officielle, je me suis fait l’ambassadrice d’un projet accepté à l’unanimité par la ville de Genève.
– Un lien fort entre Genève et La Chaux-de-Fonds ?
– L’horlogerie est un lien fort ancestral. Vous avez le prix Gaïa, nous avons le grand prix de l’horlogerie.
– Vous avez débuté votre carrière politique à La Chaux-de-Fonds. Vous incarniez une nouvelle génération et la relève. Pourquoi être partie à Genève ?
– À 27 ans, je ne réfléchissais pas à une carrière politique, sinon je serais restée. J’ai commencé à venir à Genève régulièrement lorsque ma tante y a déménagé, puis j’y ai été de plus en plus présente en effectuant mon MBA à l’université de Genève. Mon déménagement s’est fait naturellement.
– Vous réalisez une carrière stratosphérique à Genève. Après l’Exécutif de la ville de Genève, quel sera votre trajectoire politique ?
– Pour l’heure j’attends de voir les résultats du second tour des Municipales, le 13 avril.
– Engagement politique et vie de famille, une recette Kitsos ?
– D’autres vous le diront, tout est question d’organisation. J’ajoute que Genève est pionnière en matière de représentation féminine en politique grâce à des personnalités comme Ruth Dreifuss ou Micheline Calmy-Rey. Je souligne que les mentalités évoluent malgré tout le chemin qu’il reste à faire en matière d’égalité et malgré le retour en arrière promulgué par certaines formations politiques. En 2008, la maternité de Sandrine Salerno avait suscité émoi et quolibets ; en 2021, l’arrivée au monde de mon second enfant ne m’a valu que des compliments, y compris de l’UDC. Les femmes doivent revendiquer leur place.