L’intelligence artificielle se niche partout, on la trouve même dans le congélateur ! La réfrigération intelligente est une petite révolution dans le monde du froid commercial. On la doit à une innovation neuchâteloise, développée au CSEM en collaboration avec l’entreprise vaudoise Digitel et testée par la Migros. En anticipant mieux les défaillances des frigos et des congélateurs des supermarchés, le système Amicool permet de réduire la consommation d’énergie et les pertes alimentaires dues aux pannes. Selon la Confédération, 280 000 tonnes de nourriture sont gaspillées chaque année dans les commerces. Le Ô a rencontré tous les protagonistes de cette aventure technologique.Pierre-Jean Alet est responsable du groupe Digital Energy au CSEM, le centre d’innovation technologique de Neuchâtel. C’est son équipe qui a mis au point la technologie Amicool, une première mondiale qui a été brevetée. On ne s’attend pas à voir de l’intelligence artificielle dans les frigos… Pourquoi c’est nécessaire ? L’IA n’est pas faite pour les frigos qu’on a dans sa cuisine, à la maison. L’objectif est d’améliorer la performance des systèmes de réfrigération des grandes surfaces. Comme ils sont tous différents, leur gestion est très compliquée, il y a beaucoup d’informations disparates à surveiller. Pour cela l’intelligence artificielle est utile, c’est une technologie portée par des gros volumes de données.
– Quels types d’anomalies détectez-vous ?
– Les plus simples sont les portes laissées ouvertes. Cela peut être également une prise en glace, quand du givre se forme dans le système, des problèmes sur les compresseurs, des tuyaux bouchés, des écarts de température…
– Est-ce qu’un jour cette IA arrivera quand même dans les frigos de monsieur et madame tout le monde ?
– C’est moins intéressant. L’IA fait du sens pour des grosses installations complexes, où les pannes vont coûter cher. Notre but est de diminuer les coûts de gestion opérationnelle de 20 % grâce à une détection précoce des problèmes. Un frigo privé c’est relativement simple, la marge d’optimisation est moindre, ça ne serait pas rentable.
– Vous avez le soutien de la Confédération à travers Innosuisse, l’agence pour l’encouragement de l’innovation. Que représente cette aide ?
– Ce financement public permet aux entreprises de prendre des risques technologiques. Dans notre cas, cela représente plusieurs centaines de milliers de francs. C’est un soutien déterminant. Sans lui, nous n’aurions pas pu développer cette technologie.
– Comment est née la collaboration avec Digitel ?
– C’est une des missions du CSEM de répondre, avec nos compétences et notre expérience, aux besoins des entreprises. Mon équipe travaille sur l’intelligence artificielle pour l’énergie, on a développé un système de surveillance des éoliennes par exemple. C’est la raison pour laquelle Digitel s’est approchée de nous.
