La Pharmacie de l’Areuse (Couvet) est la seule officine indépendante du canton de Neuchâtel à proposer le semainier sous blister (sachet à usage unique), préparé grâce à un robot. Si le gain de temps est minime pour elle, c’est surtout la fiabilité, la traçabilité et la sécurité du processus qui s’en trouve renforcées. Ce qui facilite finalement surtout la vie des homes, principales structures bénéficiaires des semainiers entièrement préparés à l’aide de robots.
Dissipons immédiatement d’éventuels doutes : le pharmacien Jean-François Liquière n’est pas du genre à préférer les machines aux humains. Ce qui lui importe, c’est même prioritairement le côté humain du domaine des soins. « J’ai constaté que le personnel passait énormément de temps à préparer les traitements dans les établissements et notamment dans les homes. Je me suis donc demandé comment il était possible de réduire l’énergie déployée à faire les semainiers pour permettre de la redéployer directement vers les résidents. L’idée est de replacer le patient au centre des préoccupations. »
Conditionnement dans des sachets à usage unique
La réponse, le responsable de la pharmacie de l’Areuse l’a trouvée sur le salon parisien Pharmagora. Elle a pris la forme d’un robot spécialisé dans la fabrication de semainier blister. Cette machine assez imposante est capable de conditionner des médicaments et des compléments alimentaires sous forme de sachet à usage unique. La Pharmacie de l’Areuse en possède deux : l’une de 300 cassettes et l’autre de 500 cassettes. « Le processus demande aussi l’intervention humaine pour certaines choses », décrypte le praticien. Une machine manuelle permet tout d’abord de séparer les médicaments de leurs emballages d’origine. Ensuite, les médicaments sont placés dans les différentes cassettes. « Bien sûr, chaque cassette correspond à un seul médicament. »
Jusqu’à 500 médicaments à disposition
Cela permet donc d’avoir jusqu’à 500 médicaments différents à disposition pour faire les semainiers. « Pour assurer une traçabilité lot par lot et être à jour avec les dates de péremption, on attend que la cassette soit entièrement vide avant de la remplir avec un nouveau lot de médicament. » Ce n’est pas la seule contrainte de la machine : « Nous ajoutons les demi-comprimés à la main tout comme les antibiotiques, les cytotoxiques et les médicaments à base de levure et de probiotiques pour éviter les contaminations croisées. » C’est aussi le cas des pilules les plus chers car elles sont rares dans les semainiers par rapport au Dafalgan par exemple.
Comment ça marche ?
Concrètement, le processus passe par différents stades. « Premièrement, les ordonnances des médecins sont lues par la machine qui libère automatiquement les bons médicaments et les bonnes doses par sachet. Un laser de détection contrôle le nombre de comprimé libéré à chaque sortie de cassette. » L’ensemble des comprimés sélectionnés tombent alors dans le collecteur où ils sont emballés dans un blister thermoscellé hermétiquement sur lequel figurent les informations utiles de prise pour les patients (Exemple : matin : 1 comprimé de ceci, 1,5 comprimé de cela etc). Chaque semaine, la pharmacie prépare 700 semainiers. Ce sont donc 2,5 millions de médicaments qui passent dans le robot chaque année.
La bobine de semainiers passe au contrôle
Au fur et à mesure que les ordonnances sont traitées par la machine, les sachets s’enroulent sur une bobine qui ressemble aux vieilles bobines de cinéma. A ceci près qu’elle ne termine pas dans une salle de projection mais sur une machine de contrôle dont Jean-François Liquière vient de faire l’acquisition. « Le but est d’inspecter le contenu pour s’assurer que tout est en ordre grâce à un système de reconnaissance visuelle contrôlée par l’intelligence artificielle. Chaque sachet est imprimé sur ses deux faces et chaque comprimé est comparé par rapport à une image de référence du médicament qui étudie sa forme, sa couleur et son diamètre notamment. » Le semainier de chaque patient est finalement séparé des autres et acheminé par un livreur auprès de l’un des 13 homes qui font confiance à la Pharmacie de l’Areuse depuis 2017. On n’arrête pas le progrès et c’est tant mieux lorsqu’il est utilisé à bon escient et… à bon dosage !