L’importance du parterre d’invités venus à Villers-le-Lac commémorer 40 ans de coopération franco-suisse est symbolique. Saluées des 2 côtés de la frontière par les autorités politiques, les relations transfrontalières reposent sur le dialogue entre représentants qui œuvrent pour mettre en relation des peuples qui partagent un territoire qui se juxtapose mais dont les systèmes politiques et décisionnels diffèrent profondément. Conscients de cette réalité, c’est la politique des petits pas qui permet d’aplanir les frontières dans les domaines sportifs, culturels et récréatifs.
Plus tard, cette région qui regroupe la Franche-Comté, les cantons de Berne, du Jura, de Neuchâtel et Vaud s’est considérablement modifiée au point que la Suisse est devenue parfois le premier employeur. C’est le cas dans la commune française de Bonnétage par exemple. Si certaines tensions ont pu s’apaiser grâce à des traités entre la Suisse et la France, n’en reste pas moins que l’afflux de travailleurs frontaliers cause des soucis à plusieurs niveaux. Débauche des soignants et d’autres spécialistes formés en France, manque de coordination des transports publics et des infrastructures routières, sans oublier les tensions provoquées par les frontaliers eux-mêmes sur leur lieu de résidence. L’ethnologue Ellen Hertz prévoit un accroissement des turbulences à l’avenir.
Des projets pour vivre ensemble
Pour nourrir cette communauté de 1,8 million de citoyens – dont la moitié habite dans les régions transfrontalières – la réalisation de 72 projets sert de fil identitaire. Ceux-ci témoignent de la vigueur du dialogue transfrontalier qui permet de nourrir le lien entre voisins. Arts du cirque, Bourbaki, chemins de contrebande, trial du Saut du Doubs, croisières musicales au fil du Doubs, sont des réalisations concrètes rendues possibles grâce au fonds des petits projets alloué depuis 2017. Elles contribuent à améliorer les relations dans cet échange où l’étranger devient progressivement un voisin.
Une dimension nationale voire européenne
En 40 ans, les échanges entre délégations ont également permis de faire remonter des sujets dans chacun des pays pour que ceux-ci soient repris au niveau national ou européen. Formation, voies de communication, lignes ferroviaires, pompage de l’eau du Doubs, des dossiers souvent préparés en amont par les délégations de l’Arc jurassien.
Quel impact de la pandémie sur les échanges ?
Lorsque les frontières ont été fermées, le personnel médico-soignant français a continué de venir travailler alors que de nombreux patients ont été hospitalisés en Suisse. Cet exemple montre combien il est important de soigner les échanges, incubateurs de futurs projets d’envergure. Plusieurs pistes ont été évoquées comme la transition écologique et la politique de santé, avec la volonté d’inclure la jeunesse pour qu’elle y joue un rôle de catalyseur.
Perspectives
Dans chacune des régions, on estime que le vieillissement de la population va engendrer davantage de ressources pour s’occuper des anciens. Le renforcement des soins infirmiers est un enjeu qui dépasse les frontières. Pour répondre à la transition énergétique, une planification des transports publics doit être amorcée, notamment au travers de la défense du réseau des lignes ferroviaires. Quant à la forme que doit revêtir la coopération, les intervenants prônent de fréquentes discussions – même par beau temps – couplées à des outils simples et évolutifs qui doivent aplanir les différences.
