« Faites de l’argent, pas la guerre »
C’est le nouveau mantra de l’administration Trump. « Make money, not war. » Version revisitée des idéaux pacifistes américains des années 1970 et de cette vague mondiale « peace and love », entraînée par l’élan d’indignation planétaire en écho aux horreurs de la guerre du Vietnam. Alors que la pression s’accentue sur Kiev et ses alliés européens pour acter la paix en Ukraine, le monde découvre – sidéré et éberlué – les coulisses diplomatiques d’un accord concocté l’été dernier dans le huis clos d’un palace de Miami Beach. Trois puissants hommes d’affaires – 2 Américains et un Russe – élaborent une feuille de route en 28 points en étroite concertation avec Moscou. « Le Kremlin a présenté à la Maison-Blanche une solution de paix par le biais des affaires. Au grand dam de l’Europe, le président et son envoyé spécial y adhèrent. » C’est le Wall Street Journal qui le révèle. Son enquête nous explique qu’en échange de la mise en œuvre de la paix en Ukraine, des entreprises américaines obtiendront des droits exclusifs sur l’exploitation de l’énergie, des matières premières et des métaux stratégiques en Russie et dans l’Arctique. Ces entreprises américaines mèneront des investissements dans la reconstruction, tant en Russie qu’en Ukraine, et deviendraient de fait les garants commerciaux de la paix. L’accord prévoit en outre la cession des territoires conquis par la Russie, la levée des sanctions envers Moscou et la réintégration de la Russie dans le G8. Carton plein pour le Kremlin. Voilà pour l’essentiel. Faire taire les armes et guérir les rancœurs en générant des richesses. Voici la doctrine pacifiste de Trump. Dans le même temps, la France prépare son opinion à la guerre. Agitant le spectre d’un conflit majeur et inéluctable avec la Russie, Emmanuel Macron entend encore faire peser une Union européenne – divisée, démunie et désargentée – dans le concert d’un ordre mondial en pleine recomposition.
