Les villes du Haut, un «  nid à sociaux  » ? Vous dites…

Cible de la mission :
Les villes du haut du canton ont la réputation d’accueillir le plus de bénéficiaires de l’aide sociale en terre neuchâteloise. Est-ce vrai ? Et si on vérifiait ça par les faits ?

Investigations, enquêtes et analyses : Kevin Vaucher se mue en sentinelle pour poser son regard sur les défis régionaux et se frotter aux grands dossiers des Montagnes.

Le constat
Les villes du Haut seraient des nids à sociaux et il y en aurait de plus en plus à en croire la pensée populaire. Alors qu’en est-il ? Pour le savoir, posons immédiatement la question à Jean-Daniel Jeanneret, en charge du Dicastère de l’économie, des finances, de l’action sociale et de l’informatique à La Chaux-de-Fonds. « Ce n’est pas ce que les statistiques montrent dans la réalité, même s’il est vrai que les prestations sociales sont à peine supérieures au reste du canton. Mais il faut couper court avec le préjugé du tourisme social. Personne ne s’installe ici pour toucher l’aide sociale. » Alors comment expliquer la disparité entre le haut et le bas du canton ? «  C’est la nature même de l’économie qui influence ces chiffres. Il y a davantage de personnes avec un haut niveau d’étude sur le Littoral qui s’appuie sur un tissu de production essentiellement tertiaire. » Quand les Montagnes se reposent plutôt sur les activités industrielles. Le niveau de revenu n’est pas le même, la sécurité de l’emploi non plus !

Le rôle clé des assistants sociaux
« Les prestations sociales sont un filet et l’aide sociale est la dernière maille avant la rue. Aucun bénéficiaire de ces aides n’est à envier et les abus restent largement marginaux. Dans notre canton, les communes n’agissent pas seules mais au sein d’un système harmonisé entre elles et l’État. La haute main revient d’ailleurs à lui en matière de politiques sociales. C’est au travers de la facture sociale (pot commun entre communes et canton) que sont subventionnés en partie les assistants sociaux répartis suivant les besoins des régions. Un-e assistant-e s’occupe en moyenne de 80 à 120 dossiers », déroule Jean-Daniel Jeanneret. Chaque année, beaucoup s’ouvrent et certains se referment, ce qui souligne l’efficacité des assistants sociaux dont l’objectif numéro un est d’aider les personnes à s’en sortir. Pour 2023 par exemple, 745 dossiers ont été ouverts durant l’année à La Chaux-de-Fonds, mais 770 ont été clôturés dans le même temps.

Les chiffres : 8,7 % à La Chaux-de-Fonds – 6,9 % au Locle
Pour rester dans les chiffres, il y avait 2776 bénéficiaires de l’aide sociale dans le secteur La Chaux-de-Fonds, La Sagne et Les Ponts-de-Martel en 2024 pour un coût total de 8,4 millions d’aide sociale à charge de la Ville. C’est très légèrement plus qu’une année plus tôt (+75) et un peu trompeur car depuis 2017 (11,8 %), la baisse du taux d’aide sociale a été continue jusqu’en 2024 (8,7 %). Au Locle, même constat à partir de 2018 (10,1 %) jusqu’en 2024 (6,9 %). C’est mieux que la ville de Neuchâtel et ses 7,2 % (très largement au-dessus de la moyenne du Littoral). Le Val-de-Travers (5,6 %) et surtout Val-de-Ruz (2,6 %) font figure de bons élèves. Les Vaudruziens font même mieux que la moyenne suisse (2,8 %, près de 250 000 bénéficiaires). Dans le canton de Neuchâtel, la moyenne s’établissait à 5,7 % en 2023, soit quelque 10 000 bénéficiaires environ. À noter que les 0-17 ans est la catégorie d’âges la plus prise en charge (27,3 %), que les Suisses représentent 55,1 % des bénéficiaires et que les personnes vivant seules sont les plus dans le besoin (51,4 % des bénéficiaires)

Les subsides comme rempart à l’aide sociale
La baisse généralisée de l’octroi de l’aide sociale dans le canton est notamment liée à certaines adaptations de normes cantonales en 2018 et à la révision des subsides LAMal. «  L’assouplissement des conditions d’obtention des subsides a permis à certaines personnes de ne pas tomber dans le filet de l’aide sociale  », confirme Jean-Daniel Jeanneret. «  Mais l’enveloppe de la « facture sociale » augmente quand même en raison de l’élargissement des ayants-droits aux subsides tel que décidé par le Grand Conseil et ils pèsent désormais presque aussi lourdement sur les charges communales que l’aide sociale. » Un équilibre viable ? L’avenir le dira ! Rassurez-vous, la sentinelle du Haut veille et vous serez toujours les mieux informés grâce à elle…

 

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