Intolérante aux injustices, Sylvia Locatelli a fait des études de droit pour défendre les intérêts des travailleurs. La Chaux-de-Fonnière a fait ses débuts au syndicat Unia dans le secteur de l’industrie avant de travailler au département neuchâtelois de l’économie et de l’action sociale et de faire quelques années de politique sous la bannière socialiste. Elle est finalement revenue à Unia en tant que secrétaire régionale puis au comité directeur comme responsable nationale du secteur de l’industrie. Rencontre.
– Sylvia Locatelli, quel est le moteur de votre engagement syndical ?
– Je n’ai jamais fait du droit pour aller travailler dans une banque ou défendre des criminels. Les combats qui m’intéressaient le plus, c’étaient ceux pour la défense des droits des travailleuses et des travailleurs, mais aussi les questions liées à la migration. Parce que je suis moi-même migrante.
– En quoi consiste votre nouveau rôle au sein du comité directeur à Berne ?
– Je suis au « Conseil fédéral » de Unia : nous sommes sept et nous agissons au niveau national dans notre département. Je suis responsable de tout le secteur de l’industrie. Ça englobe les industries horlogère, alimentaire, chimique et pharmaceutique. Mon rôle, c’est de faire en sorte que les décisions, qui sont prises par les membres de l’industrie, soient appliquées par tous les professionnels du syndicat.
– Le travail de terrain ne risque-t-il pas de vous manquer ?
– Ça peut me manquer si je ne mets pas en place des stratégies pour rester connectée au terrain. Un ami syndicaliste m’a dit : « Sylvia, si tu veux prendre le pouls du terrain, tu dois te ménager un repas, une rencontre, un café avec un travailleur ou une travailleuse au moins une fois par semaine. » C’est ce que je vais faire parce que je ne veux pas être enfermée dans une tour d’ivoire.
– Quels défis vous attendent à ce nouveau poste ?
– Les défis du syndicat, c’est de reconnecter les gens et les jeunes à la lutte collective. Le syndicat était extrêmement fort dans les années 1970, mais depuis la société a évolué et s’est individualisée.
– Et quels défis affrontent les travailleurs de l’industrie actuellement ?
– Aujourd’hui, l’écologie constitue un véritable défi pour l’industrie. Les personnes, qui travaillent par exemple dans la raffinerie, devront se former et se reconvertir. Or, notre pays ne possède pas de véritable politique de reconversion… L’horlogerie est confrontée à un autre problème : le basculement des marques vers le milieu et le haut de gamme. Ce qui entraîne une baisse des volumes d’exportation du bas de gamme. Ça veut dire qu’il y aura besoin à terme de moins de monde et que ce sera des gens un peu plus qualifiés. Ce sera difficile pour les sous-traitants.
– Vos plus grandes satisfactions jusqu’ici ?
– Le renouvellement de la dernière convention de travail de l’horlogerie où nous avons obtenu l’augmentation du congé paternité et maternité. J’ai également eu la chance d’être dans le groupe qui s’est battu pour imposer le salaire minimum à Neuchâtel. Cela a permis d’éviter à des gens d’être payés 2 000 francs par mois pour un 100 %.



























