Frénésie guerrière
« Emmanuel Macron aurait mieux fait d’épouser une professeure d’histoire que de théâtre. Elle aurait pu lui apprendre la campagne russe de Napoléon. » Ce postulat ironique de l’essayiste français Jean-Michel Jacquemin résonne en écho à une thèse très en vogue dans la classe politique française. Macron s’invente une guerre pour rester au pouvoir et faire diversion sur son impopularité record et les difficultés abyssales du pays. Figure majeure du parti socialiste, Ségolène Royal dénonce la tentation d’un rêve inconscient du président Macron. Entrer en guerre pour éviter une élection présidentielle. Il est vrai que l’Élysée distille à la pelle des discours aux accents anxiogènes. Le chef d’état-major des armées françaises appelle même la Nation à intégrer l’idée de perdre des enfants sur le champ de bataille. À l’approche de cette année 2026 au carrefour de tous les possibles, la plupart des dirigeants européens semblent vouloir préparer leur opinion à un conflit majeur. Mark Rutte, ancien premier ministre des Pays-Bas devenu secrétaire général de l’OTAN, en rajoute une couche : « Nous devons nous préparer à une guerre d’une ampleur comparable à celle qu’ont connue nos grands-parents et nos arrière-grands-parents. » Que révèle cette frénésie guerrière ? Alors qu’un accord de paix dicté par Washington, Moscou et Pékin semble s’imposer en Ukraine, l’Europe tente désespérément de peser encore dans le jeu mondial. La perception du réel évolue et la confrontation des narratifs s’accélère. La solidité économique et militaire de la Russie a été autant sous-estimée que la solidité de la relation avec le désormais ancien allié américain. Le politologue français Nicolas Baverez illustre ce tumulte géopolitique d’une synthèse cinglante : « Donald Trump a réalisé ce dont Staline avait rêvé et que Xi et Poutine ont placé au cœur de leurs projets impériaux : l’éclatement de l’Occident, la destruction de l’ordre mondial de 1945 et le divorce des États-Unis avec l’Europe. »
