Allumer la machine pour « faire tourner la roue » !

Par Kevin Vaucher

Hannah Osborne a un nom qui sent bon l’étranger : «Chacun de mes 4 grands-parents avait une origine différente. Osborne vient de mon grand-père canado-écossais sans doute», se marre-t-elle. Arrivée en Suisse en 1992, cette battante de 55 ans ne s’attendait probablement pas à vivre autant de turbulences dans sa vie : 11 déménagements en 30 ans, un divorce difficile qui a duré 7 années, la banqueroute, le chômage, les dettes puis les services sociaux. Aujourd’hui, elle a décidé d’allumer sa machine à coudre pour enfin faire tourner la roue. Depuis quelques mois, elle a ouvert une petite mercerie et entrevoit une petite lumière…

Si vous apercevez une petite lumière en vous baladant le long de la promenade des Six-Pompes, c’est peut-être celle de l’atelier d’Hannah Osborne, réfugiée au numéro 4 depuis décembre 2024. « En fait, j’ai d’abord travaillé 3 mois dans l’arrière-boutique du restaurant mexicain qui occupait le local avant moi. Le patron a été très sympa de me proposer un petit coin où poser ma machine à coudre », dépose cette mère de 3 grands enfants.

Rouleaux de tissus et… glaces et bonbecs !
Bon, il faut quand même dire que c’était pas trop ça niveau confort : « Je travaillais au milieu des bocaux et des stocks, c’était assez particulier », reconnaît-elle volontiers. Depuis le 1er mai de cette année, le restaurant mexicain n’est plus ! Elle a donc repris l’entier de cette petite surface commerciale en prenant soin de rester dans le côté original. Cette bonne âme a gardé les glaces, les bonbons et les boissons fraîches pour faire plaisir aux enfants qui vont à l’école à quelques mètres de là. Les rouleaux de tissu jouxtent ainsi le frigo et les différentes boîtes à bonbecs dans un mélange des genres dont elle semble avoir le secret.

Retour à La Chaux-de-Fonds 3 mois avant la tempête
Involontairement, son accent « so british » (ou presque) lui donne immédiatement un côté sympa et singulier également. Mais tout aussi involontairement, Hannah s’est attiré les foudres des cieux dans sa vie. « Depuis ma venue en Suisse, j’ai déménagé 11 fois. La dernière en date remonte à 2023 lorsque je suis revenue à La Chaux-de-Fonds… 3 mois avant la tempête. » La tuile ! En Suisse, Hannah Osborne a largement contribué à faire vivre la société en étant tour à tour enseignante d’anglais, traductrice, responsable logistique notamment. « J’ai aussi vécu quelques passages au chômage », reconnaît-elle en toute transparence.

« Madame, il va falloir vous bouger maintenant »
« Quand j’y pense, je ne comprends pas comment c’est possible avec 3 diplômes universitaires en poche. Je déteste avoir le sentiment de vivre au crochet de la société alors que je me suis toujours attelée à la faire avancer. Malheureusement, mon divorce m’a laissée avec plus de dettes que de retraite », ironise-t-elle amèrement. Les mots de la juge de Porrentruy résonnent encore dans sa tête : « Madame, vous n’avez droit à rien. Il va falloir vous bouger maintenant ! » Ça fait mal ! Depuis 6 mois environ, Hannah vivait chichement des services sociaux. Un comble pour cette femme qui possède une licence en langues étrangères et en art et dont les parents lui disaient toujours qu’elle ne vivrait pas de son art.

La Tchauxtex – l’un des derniers mohicans du tissu
« Force est de constater que je ne vis pas de mes diplômes non plus », réplique-t-elle à retardement. Autre clin d’œil de la vie, le travail du textile est un art selon elle et c’est cet art ce qui pourrait la sauver aujourd’hui ! J’ai ouvert cette mercerie – la Tchauxtex – à la suite de la fermeture de Chafotex, l’un des derniers magasins de tissus du canton. Je voulais que ce service soit maintenu dans le Haut. J’ai repris les mêmes fournisseurs que l’ancienne gérante Stéphanie Wycart tout en y ajoutant de nouveaux comme Sajou ou Cathy Amouroux (ndlr : des produits français). Chez moi, vous ne trouverez pas de tissus chinois… sauf s’il n’y a vraiment pas d’autres alternatives comme pour le velours.» Après tant d’années difficiles, et s’il était temps pour elle de marcher sur du velours ?

 

Un petit coup de pouce ?

La mercerie Tchauxtex a pris ses quartiers en ville de La Chaux-de-Fonds et Hannah Osborne cherche désormais à outiller son petit magasin. Pour l’aider dans cette démarche, elle a lancé une cagnotte sur le site wemakeit.com. Il reste quelques jours pour lui donner un coup de pouce !

Un petit coup de pouce ?

La mercerie Tchauxtex a pris ses quartiers en ville de La Chaux-de-Fonds et Hannah Osborne cherche désormais à outiller son petit magasin. Pour l’aider dans cette démarche, elle a lancé une cagnotte sur le site wemakeit.com. Il reste quelques jours pour lui donner un coup de pouce !

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