De Sciences Po en passant par Avignon pour arriver à lcdf27 : qui est Laurence Perez ?

Par Kevin Vaucher

La nouvelle directrice artistique de La Chaux-de-Fonds Capitale culturelle suisse 2027 Laurence Perez avoue que son « agenda a connu un petit coup d’accélérateur depuis quelques jours », pour évoquer sa nomination intervenue au début du mois. Mais ce n’est pas en courant après le temps – mais le bus – qu’elle s’est malencontreusement fait une grosse entorse qui l’oblige à se déplacer temporairement à l’aide de béquilles. Si cette Française de 51 ans arrive au comité directeur du grand événement culturel de 2027, ce n’est pas pour servir de béquille mais de pilier. Celle qui avait initialement été recalée revient non pas par la petite porte mais par l’entrée des artistes !

– Laurence Perez, on comprend votre lien avec le mot « capitale » (vous avez été partie prenante de l’organisation de la grande fête estivale Genève Genève), avec « culturelle » (votre parcours est ancré dans la création contemporaine, le spectacle vivant et l’accompagnement artistique) et avec « suisse » (vous avez été directrice artistique et exécutive des six premières éditions de la Sélection suisse en Avignon). Mais quelle corde vous relie à « La Chaux-de-Fonds » ?
– Très bonne question ! Il s’avère que j’ai été amenée à sillonner la Suisse de part en part pour me familiariser avec l’offre culturelle helvétique lorsque j’ai été mandatée pour piloter le projet de la Sélection suisse en Avignon. Je suis donc souvent venue rendre visite aux acteurs et actrices de la culture des Montagnes. Voici trois ans, une amie s’y est installée et j’ai eu le temps d’apprécier autrement cette ville foisonnante, accueillante, populaire et pleine de caractère. Je porte aujourd’hui un regard neuf et quelque peu charmé sur elle.

– Concrètement, comment avez-vous entendu parler de lcdf27 et qu’est-ce qui vous a poussé à postuler ? Que pensez-vous pouvoir apporter à l’événement ?
– J’ai suivi le développement de lcdf27 depuis sa gestation par relations interposées. Et vous savez quoi ? J’ai même postulé pour être la directrice artistique de l’événement mais c’est finalement Simone Töndury qui avait été choisie. Aujourd’hui, le fait de lui succéder me fait me dire que c’est sans doute la voie que je devais emprunter. Une voie que je vois comme une suite logique à mon parcours.

– Depuis septembre 2024, vous êtes à la tête d’ADN (Association Danse Neuchâtel), qui propose une programmation itinérante de danse contemporaine sur l’ensemble du territoire neuchâtelois. C’est un atout pour lcdf27 ?
– Bien sûr car je suis habituée à faire voyager l’art et à organiser sa rencontre avec le public. L’ADN ne possède aucune salle : elle n’existe qu’à travers ses partenaires. C’est cette pratique permanente de la collaboration qui sera, me semble-t-il, le véritable atout pour mener à bien ma nouvelle mission.

– Durant longtemps (1998 à 2013), vous avez œuvré dans la communication et les relations avec le public de différentes institutions comme le festival d’Avignon. Votre pédagogie est une force pour apaiser les tensions et rassembler ?
– Certainement. Je crois profondément au dialogue constructif et à la communication. Je ne crains pas la confrontation d’idées. La Chaux-de-Fonds s’érigera en capitale en premier lieu grâce à celles et ceux qui font ce qu’elle est. Ma vision est englobante.

– Quels sont concrètement les dossiers qui attendent sur votre bureau ?
– Je monte dans un train en marche, à moins de quatre-cents jours du début de lcdf27. Il y a donc une période de mise à niveau de ma part. Ensuite, je me dois de me mettre rapidement au service des quelque cent-cinquante artistes chaux-de-fonniers et régionaux qui font déjà partie de l’aventure, à travers les douze cartes blanches programmées aux Abattoirs et la première phase de l’appel à participation (projets requérant un soutien jusqu’à 100 000 francs). Il faudra aussi suivre la seconde phase de cet appel (jusqu’à 10 000 francs de soutien) qui vient juste de prendre fin. Nous avons près de trois cents dossiers sur la table.

– On note que vous avez obtenu le diplôme de l’Institut d’études politiques de Lyon en 1995. Rêviez-vous d’une carrière dans un tout autre domaine ?
– Il est vrai que j’ai fait Sciences Po même si je ne me voyais pas faire de la politique. À la base, je me prédestinais au journalisme, comme vous. Une conseillère m’avait orientée sur cette formation que je ne regrette nullement. J’y ai appris à penser la complexité du monde, à analyser les situations et à trouver des solutions.

– Vous avez travaillé à Paris et Marseille par le passé. Et maintenant, vous passerez de Neuchâtel à La Chaux-de-Fonds. Vous aimez les villes « rivales » ?
– (Rires) Je crois que nul ne peut concurrencer Paris et Marseille en termes de rivalité. Surtout, je vois celle entre le Littoral et les Montagnes davantage comme une taquinerie entre deux voisins. Le succès de lcdf27 devrait, je l’espère, rendre aussi fier le haut que le bas du canton.

 

Laurence Perez et Simone Töndury 
sur le même balcon pour une transition 
en douceur. © Guillaume Perret
Laurence Perez et Simone Töndury sur le même balcon pour une transition en douceur. © Guillaume Perret

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