Cinéaste et journaliste, Alexander Nedbaev travaille à Lviv et sur le front. Son témoignage.
Il a coutume de venir se ressourcer chaque année à La Chaux-de-Fonds. Pour écrire des scénarios et prendre de la hauteur. Une tradition née après nos premiers reportages durant la révolution de Maïdan et nos immersions sur la ligne de front dans le Donbass.
Trois jours après le début de l’invasion russe, Alexander a dû se résoudre à quitter Kiev pour mettre le cap sur la ville de Lviv, dans l’Ouest de l’Ukraine.
« Il était quatre heures du matin, je voyais les bombes déchirer le ciel et l’obscurité. Le trajet dure habituellement cinq heures. On a mis plus d’un jour pour arriver, roulant au milieu de nulle part, avec des alertes bombardement tombant continuellement sur notre poste de radio, des embouteillages monstres, des civils en détresse confrontés à la difficulté à trouver de l’essence. »
Proche de la frontière polonaise, il orchestre le travail des médias internationaux, travaillant à tour de rôle pour Arte, la RTS et France Télévision. Il capte les images terrifiantes de la tragédie qui se trame dans son pays, assistant au chassés croisés de civils ukrainiens fuyant le conflit avec ces milliers d’hommes revenant au pays pour combattre.
« La résilience du peuple ukrainien est impressionnante. On remercie la Suisse et l’Europe pour leur générosité exceptionnelle. On est soulagé de savoir 3 millions d’enfants et de femmes à l’abris des bombes des Poutine. J’ai été particulièrement ému de voir que la Ville de La Chaux-de-Fonds avait hissé le drapeau ukrainien sur la façade de l’Hôtel-de-Ville. »
Alors que des frappes russes visent désormais des cibles stratégiques proches de Lviv – 180 légionnaires étrangers ont perdu la vie dans le bombardement de la caserne de Yavoriv, Alexander ne veut se départir de son légendaire optimisme.
« Cette guerre va bientôt s’arrêter. Les soldats russes sont démoralisés et affamés. Ils s’emparent même de l’aide humanitaire pour les civils. Ils ne tiendront pas sur la longueur. Cette guerre insensée va provoquer la chute du maitre du Kremlin… »
Le producteur de cinéma cultive un soutien inconditionnel à Volodymyr Zelensky, le président ukrainien. « C’est un résistant héroïque. Quand les Américains et les Français lui ont proposé de l’exfiltrer, il a répondu qu’il n’avait pas besoin d’un taxi, mais d’armes. Il vaincra Vladimir Poutine. »