Faire chavirer les Montagnes dans des rythmes gypsy ne lui suffit plus. Alexandre suit Rachel partie suivre une école de comédie musicale. Sambalekuï, en version duo, partage avec Le Ô son rêve parisien. Interview (I).
Depuis deux ans, Alexandre Gay porte un nouveau nom moins classieux : celui de Sambalekuï, le groupe qui ne se prend pas la tête. Avec cette formation à géométrie variable mais à la passion constante, il a animé restos, bars, terrasses, partout en ville et dans les Montagnes neuchâteloises, « pour promouvoir les coins sympas de la région, et faire se rencontrer les gens dans un contexte musical décontracté et convivial », dit-il.
En février dernier, il nous annonçait ainsi sa participation à un concert à La Différence, avec le musicien gypsy Mario Régis qu’il avait réussi à faire venir jouer à La Tchaux : « Il m’accorde sa confiance pour jouer avec eux. C’est une occasion en or d’entrer dans le monde musical professionnel, mon plus grand rêve dans la vie ».
Huit mois plus tard, le rêve est en passe de se réaliser. Car Alex n’a pas peur des défis. Et après avoir mis le feu aux Promos du Locle, ou encore à la Braderie, il a décidé de suivre son amie et chanteuse Rachel à Paris. Pendant les dernières vacances d’automne, pour tester leur duo dans la Ville Lumière. Et dès Noël, pour y jouer plus souvent qu’à leur tour. Rien n’est gagné, mais c’est plutôt bien parti !
Deux concerts déjà dans la Ville Lumière, ça fait quoi ?
Trois concerts en réalité: il s’en est ajouté un aux deux prévus ! La première partie de la mission est accomplie. Nous en espérions au moins un dans l’optique de nous montrer au public parisien et de nouer des contacts sur place. Pour nous rassurer aussi quant à notre crédibilité pour cette aventure, en nous testant en duo, Rachel et moi. En Suisse, nous jouons le plus souvent à 3-4 musiciens. On est content de constater que nous pouvons faire quelque chose de correct en version intimiste. On a joué le premier concert devant trente personnes le 4 octobre, puis le 11 devant 50, et le troisième le vendredi 14.
Comment avez-vous pu booker ces dates ?
Tout est parti d’un échange sur les réseaux sociaux avec un programmateur parisien. Je cherchais les endroits potentiels où nous produire. Boris a été le seul à me répondre. Le courant est passé, et la première date fixée le jour même. Notre style gipsy a retenu l’attention : contre toute attente, il est peu répandu à Paris. C’est une chance et une belle carte à jouer pour nous. Nous remercions chaleureusement Boris, programmateur de L’Étage, dans le Xe arrondissement. Une amitié prometteuse et une rencontre humaine inoubliable.
Là, vous revenez à La Tchaux. Mais à partir de Noël ce sera pour de bon Paris, où votre amie est déjà installée…
Je reviens, histoire de terminer mes engagements dans les règles de l’art (réd : il travaille comme éducateur de la petite enfance). Dès janvier, je rejoindrai Rachel, qui s’est installée mi-septembre dans la capitale, où elle a commencé l’ECM de Paris (école de comédie musicale) pour 3 ans. J’ai donc eu le choix entre la suivre et vivre un rêve à deux, ou rester dans ma routine, chargé de regrets.
Vos projets à Paris ? Album? Concert ? Fiesta ?
Ce projet parisien, c’est avant tout de faire du live, comme on l’a fait depuis 2 ans à La Chaux-de-Fonds et dans la région. Nous passerons sans aucun doute par un studio l’année prochaine dans le but d’enregistrer au moins un premier EP. Le rêve ultime est bien sûr de vivre de notre musique. Pas forcément de briller sur les plus grandes scènes prestigieuses, mais au moins d’en vivre convenablement. Et bien sûr, la fiesta fait partie intégrante du projet Sambalekuï.
Vous avez posté un vibrant appel pour la paix sur facebook le printemps dernier. Vous aimez faire passer des messages ?
J’ai déjà une liste de compos personnelles, je les joue parfois en live, mais je dois encore les travailler. J’ai envie de véhiculer des messages simples et sincères, mais pas la prétention ni l’objectif d’écrire des textes moralisateurs sur la société, etc. Raconter de belles histoires me suffit.
La Tchaux vous manquera-t-elle ?
Nous sommes rassurés de voir qu’à Paris, le coup est jouable. Cependant, nous avons déjà constaté que certaines de nos petites habitudes montagnardes nous manquent déjà… (rires).
Sans rire, expliquez-nous votre nom d’artiste !
Le nom Sambalekuï veut dire se ficher du reste et faire la fête. Il signale aussi que la perfection ne nous intéresse pas et que nous misons plus sur la spontanéité, l’émotionnel. On s’adapte. Avant un concert, on ne sait jamais d’avance ce que l’on va jouer, ni pendant combien de temps. Je tiens à adresser une pensée à Seb, qui nous a trouvé ce nom en déconnant, il y a quelques années. Merci Amigo !
Un message aux Chaux-de-Fonnières-iers ?
Merci à toutes celles et ceux qui ont soutenu le projet depuis le début. Les Sambafans, comme on les appelle. Merci à eux de croire en nous, et de nous encourager. Merci à eux d’être venus voir nos concerts sur les terrasses et dans les bars de La Chaux-de-Fonds. C’est grâce à leur soutien qu’on a eu le droit d’y croire.
Capitale culturelle Suisse 2025… Le projet vous fait rêver? Vous pensez vous y produire ?
J’apprécie l’ambition de la Ville pour ce projet. Bien sûr que je souhaiterais en faire partie d’une manière ou d’une autre. J’ai créé mon concept Sambalekuï aussi dans cette optique d’animer et faire rayonner ma ville que j’aime tant. Je déteste entendre les gens la critiquer. Je dis souvent : « Tu sors même pas toi, tu râles, donc tu ne contribues pas à ce que la ville bouge ». J’aurais cependant apprécié, dans un coin de ma tête, recevoir un petit clin d’œil, un geste de la Ville, durant ces années d’animations. Avec cet article que Le Ô me consacre aujourd’hui, je l’ai, ma petite reconnaissance. Et c’est vrai que ça fait plaisir (rires).
« Avancer en duo, un plus sur scène et dans la vie »
Alex et Rachel à Paris : une love story qui représente presque en soi un scénario de comédie musicale. La première partie de leur interview-portrait est diffusée cette semaine. Dans la deuxième partie, à découvrir dans ces colonnes la semaine prochaine, Rachel racontera son parcours, sa gratitude envers l’école de comédie musicale chaux-de-fonnière Eva Prod et ses profs Floriane Iseli et Jacint Margarit.
Rachel, racontez-nous votre parcours avant cette montée à Paris?
J’ai commencé mes premières aventures avec la danse classique dès l’âge de 5 ans jusqu’à mes 12 ans. J’ai eu la chance de suivre des cours chez Marina Gandjean à Peseux. J’y ai découvert la discipline, l’endurance l’élégance et toutes les beautés de la danse. J’ai toujours aimé danser. A côté de cette grande passion, j’ai aussi fait un peu de gym, des cours de piano mais sans plus. Et dans ma chambre j’ai toujours chanté et joué la comédie, j’adorais m’inventer un monde à moi. Ces trois volets arts ont toujours fait partie de moi.
Etre en duo dans la vie et sur scène, un plus et/ou parfois compliqué?
Alex : Être en duo dans la vie, c’est un vrai plus, car nous sommes deux pour affronter les épreuves. Nous nous soutenons et avons des ambitions individuelles et communes. Sans Rachel, je n’y serais pas allé. Tout est allé très vite dans nos prises de décisions, mais nous avons confiance en nos choix. On va vivre le coup à fond. Jusqu’à aujourd’hui, aucun regret. Le travail va continuer et nous allons persévérer. Niveau duo sur scène, nous avons encore beaucoup à explorer, et ça, c’est très stimulant et encourageant.
Rachel : Alex fait partie intégrante de mes rêves, projets, je souh aite pouvoir m’épanouir avec lui artistiquement et personnellement, que l’on puisse vivre de nos arts respectifs et mener une vie d’artistes aussi sereine que possible.
Votre credo parisien ?
Alex : Je suis prêt à vivre une belle aventure musicale et humaine dans cette magique Ville Lumière. Dans la vie, faut se lancer un jour ou l’autre. On n’a rien sans rien. Je crois en ma destinée et je donnerai tout pour atteindre mes objectifs et réaliser les rêves. Et je sais que nous serons plus forts à deux.
Rachel : Vivre à Paris, y faire une école de comédie musicale et m’épanouir artistiquement a toujours été un rêve. Aujourd’hui, c’est bien réel et le partager avec la personne que j’aime, cela n’a pas de prix. Je n’aurais pas pu en espérer autant. Alors… Vive la vie en rose !
2e partie de cette interview à découvrir dans Le Ô du 28 octobre.