Art-thérapie : la couleur de vivre, au-delà du cancer

Giovanni Sammali

Deux Chaux-de-Fonnières racontent l’atelier qui permet de se retrouver, de continuer d’avancer. Appel lancé pour trouver où accrocher la fresque collective !

Réaliser une fresque collective, guidé-e-s par une art-thérapeute : c’est l’une des aides que la Ligue neuchâteloise contre le cancer (LNCC) propose – et offre – aux personnes atteintes par cette maladie. Le processus créatif permet « de se centrer, de déposer ses émotions, d’identifier et renforcer les ressources de chacun, dans ces moments de grande fragilisation », résume l’art-thérapeute Anne Piguet Kramer.

Au-delà de l’effet thérapeutique, qui permet de se reconnecter, réaliser une œuvre, en dessinant, collant ou sculptant, éveille au final une envie somme toute assez légitime: montrer le résultat, à défaut de l’exposer ! Participante de cet atelier de la LNCC en 2022 et 2023, Marie-Paule Schlaeppy, aujourd’hui en rémission, a ressenti l’envie de donner une visibilité à la fresque de 2,4 m sur 1 m. « J’aurais trouvé dommage de découper le dessin pour qu’on se le partage ! Alors, Anne m’a délégué la mission de faire vivre notre tableau. Je trouve important de le montrer, pour partager des choses positives, en dépit du contexte, pour dire tout ce que ça nous apporte. Je continue par exemple d’aller à l’atelier une fois par mois. Et j’ai commencé à peindre chez moi des petits tableaux que j’offre à mes amis ».

 

Aussi pour les proches

A signaler que des ateliers pour les proches des malades, fragilisés eux aussi, sont proposés par l’association AVAC (Apprendre à vivre avec le cancer, www.avac.ch).

 

 

« Ça rassemble. On se renforce ! »

Par le jeu des relations, Le Ô a eu vent de cette fresque rêvant d’exister. Voici le témoignage de deux participantes chaux-de-fonnières. Dominique, et Tania (ndlr : prénom d’emprunt, pour raison de discrétion).

« C’est super que la Ligue propose ça. Et que ce soit gratuit : tout le monde n’a pas les moyens. Cet aspect financier est important. L’atelier, c’est de beaux moments de rencontres entre malades aux vécus tous différents : on n’a pas le même cancer, pas au même stade. Il y en a qui sortent de chimio, d’autres qui vont commencer une radiothérapie. On parle de nos émotions, de nos craintes. Ça rassemble. On se renforce. On ne peut pas vivre de tels échanges à l’hôpital. Anne nous donne un thème, une matière, une technique. On lâche le mental pour se centrer sur l’émotionnel et le corporel. On sort de notre zone de confort, pour mieux nous retrouver. Anne nous accompagne enfin dans l’analyse de notre production », explique Tania.

A la fin des huit séances du cycle, beaucoup repartent pour un tour. « Cet atelier nous donne du calme, du plaisir, la création permet d’avancer, de s’occuper de soi. On doit réserver ces mardis matins pour nous : c’est déjà quelque chose. Ici, je me sens en communication avec moi-même. On se reconnecte à soi ! ».

Avec ce constat, au retour à l’atelier il y a une semaine: « J’ai retrouvé des personnes et j’ai mesuré tout le chemin que chacun-e a fait. Je vois que j’ai moi-même évolué et que je suis en mouvement. Malgré la maladie, on n’est pas figé ! ».

Dominique, qui travaille au contact de clients, souligne le bénéfice immédiat. « Mes difficultés relationnelles et le trop-plein d’émotions à gérer – on a tout son passé qui remonte d’un coup à la surface… -, se sont estompées dès le moment où je suis venue à l’atelier. Mes proches ont aussi profité de ce mieux. Apprendre à accueillir ses émotions, ça aide, ça soulage »

 

 

Qui accrochera cette fresque ?

Une fois prise la photo du Ô, au sortir de l’atelier de ce mardi, la question a ressurgi. Mais pas question de découper cette fresque pour se la répartir en morceaux. « Elle porte en elle tant d’énergies, et elle véhicule tant d’espoirs : il faut qu’elle rayonne quelque part, dans un lieu d’accueil », lancent les participantes de l’atelier et leur art-thérapeute. Le tableau sera donc offert à un lieu d’accueil qui aura envie de l’accrocher !

Appel officiel lancé : que centres de santé, homes, cliniques ou autres se manifestent (info@le-o.ch ou apiguet@vtx.ch)! L’accrochage de cette toile sera la trace d’une belle histoire, d’échanges et d’espoir, dans cet atelier où règne la bienveillance. « Bienveillance pour les autres, mais aussi pour soi même », conclut Anna Piguet Krämer.

Vous aussi, vous avez hâte de connaitre la suite ?

Atelier de la Gare, Colombier. LNCC, 032 721 23 25.

Où sera-t-elle accrochée ? La fresque, présentée par une participante, l’art-thérapeute Anne Piguet-Krämer, Marie-Paule Schlaeppy, et Dominique, une des Chaux-de-Fonnières de ce groupe si vibrant. (Photo : gs)
Où sera-t-elle accrochée ? La fresque, présentée par une participante, l’art-thérapeute Anne Piguet-Krämer, Marie-Paule Schlaeppy, et Dominique, une des Chaux-de-Fonnières de ce groupe si vibrant. (Photo : gs)

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