La mue du Centre neuchâtelois de psychiatrie (CNP) se poursuit. En présence du chef de la santé publique Laurent Kurth, l’institution vient de révéler par son président et sa directrice les grandes lignes de sa stratégie 2023-2030 déposée au Grand Conseil. Celle-ci contient une vision stratégique qui s’articule autour du renforcement des soins ambulatoires, du suivi des patients à domicile et de collaborations en réseaux.
Rien de vraiment nouveau dans cette stratégie d’efficience médicale qui vise à prendre en charge une population toujours davantage victime de problèmes psy. Le vieillissement de la population, le stress provoqué par les contraintes sociétales, une après-pandémie génératrice de complications pour de nombreux jeunes sont autant de situations qui augmentent le recours à des spécialistes. Selon les statistiques, 30% de la population souffrirait de troubles mentaux ; bien assez pour se préoccuper de l’avenir de la prise en charge des patients. Autre aspect du rapport, la modernisation des infrastructure stationnaires de Préfargier qui demandent un sérieux coup de jeune pour répondre aux normes standard actuelles.
Le CNP ne fait pas cavalier seul en matière de prise en charge de la population ; ses standards s’inscrivent dans une politique de santé publique dont les principes sont fixés par l’OMS. Parmi ceux-ci, le retour dans la communauté plutôt que les longs séjours en asile. Pour preuve, dans le canton, les unités stationnaires de Perreux et de La Rochelle ont laissé place à des centres de soins ambulatoires et à des unités d’interventions mobiles à domicile. Aujourd’hui, rares sont les personnes qui sont enfermées à vie. D’ailleurs, des programmes de stimulations permettent à ces personnes de conserver espoir et dignité. Dans ce contexte de modernité, Préfargier, dont la date d’inauguration rappelle des dates souveraines (1848), requiert un sérieux lifting architectural pour continuer d’accueillir des patients dans les standards contemporains.
Quelques nouveautés
Dans le document soutenu par le Conseil d’État et remis aux députés, au-delà de la promotion de spécialités comme les troubles du comportement alimentaire, des addictions ou encore de troubles liés à l’autisme, il est prévu de collaborer avec l’hôpital public. L’unité de psycho-gériatrie et ses dix-sept lits pourrait être intégrée au RHNe alors que le CNP reprendrait l’ensemble de la mission de pédopsychiatrie actuellement partagée entre les deux institutions.
Des questions de santé publique
Collaborer, éviter les redondances, créer des partenariats avec les médecins généralistes, les psychiatres installés, RHNe et Nomad font partie des perspectives de la stratégie 2030 du CNP. S’agissant de regrouper les urgences et les lits stationnaires sur un seul site, si cette idée séduit, sa mise en pratique n’est pas à l’agenda. Notamment -souligne Laurent Kurth- « parce que les lits de santé mentale nécessitent davantage de calme que l’agitation d’un hôpital de soins aigus ».
Le dernier mot au Grand Conseil
Si le Conseil d’État soutient dans l’ensemble les options stratégiques choisies par le CNP, il émet toutefois quelques réserves, dont la création d’un hôpital de jour pour enfants et adolescents ou l’hospitalisation de personnes privées de liberté. Ces intentions devront être chiffrées et argumentées avant d’être actées. Accompagné de sa recommandation, le gouvernement demande que le Grand Conseil accepte un financement extraordinaire de CHF 3,17 millions de francs pour développer des prestations ambulatoires ainsi qu’une enveloppe de CHF 3,6 millions pour financer l’étude préalable de modernisation de Préfargier. Sur les délais, Laurent Kurth précise que le rapport sera étudié en commission puis porté devant le parlement avant d’ajouter « avec l’espoir de réussir à le défendre avant la fin de mon mandat »