Une valeur sûre par temps incertain ?

Propos recueillis par Kevin Vaucher

La situation dans le canton
La Banque cantonale neuchâteloise a publié sa neuvième étude sur le marché immobilier neuchâtelois. Réalisée conjointement avec le cabinet Wüest Partner, elle permet de mesurer l’évolution des prix durant les 10 dernières années. Ainsi, on y apprend que le prix des villas est reparti à la hausse après 18 mois de stagnation (+3,3 %). Celles-ci restent bien plus abordables qu’ailleurs dans le pays avec un tarif moyen de 1 283 000 francs contre 1,7 pour la moyenne nationale. Le marché des PPE n’a quant à lui pas pu pleinement déployer ses atouts malgré la croissance démographique, la pénurie de logements locatifs et la baisse des coûts de financement. L’offre neuchâteloise reste néanmoins encore légèrement plus abondante que dans d’autres régions. Fin 2024, le taux de vacance des logements continuait de diminuer. En 2022, il était de 2,2 % et il n’était plus que de 1,7 % l’année dernière. Conséquence : les loyers ont augmenté de 3 % à Neuchâtel. Cela reste plus mesuré que la flambée des prix au niveau national (+4,7 %). Pour terminer sur une bonne nouvelle, disons encore que la baisse du taux hypothécaire de référence – de 1,75 % à 1,5 % – pourrait déboucher sur des réductions de loyers pour certains ménages.

Décryptage avec Pedro Palomo — Directeur « entreprises » de la BCN

– L’annonce de Donald Trump sur les droits de douane a ébranlé beaucoup de secteurs et c’est la panique sur nombre de marchés. Qu’en est-il de l’immobilier ?
– Que ce soit à des fins de rendement ou pour sa propre habitation, l’immobilier est toujours considéré comme un investissement très solide et fiable. Dans une période mouvementée telle que nous la connaissons depuis quelques temps, et avec l’instabilité régnant sur les marchés financiers, la « pierre » renforce son statut de valeur refuge.

– Si nous devions résumer la dynamique en trois phrases, comment se porte le marché de l’immobilier neuchâtelois aujourd’hui ?
– Dans ses divers segments, notre marché immobilier se porte bien. Malgré les hausses enregistrées en 2024, tant au niveau de la propriété que de la location, nous conservons des niveaux de prix abordables dans l’ensemble des régions neuchâteloises.

– On a l’impression qu’il y a de moins en moins de biens disponibles et de plus en plus cher, est-ce un résumé qui se tient également ?
– Avec l’augmentation progressive des prix des maisons et des appartements en PPE dans notre canton durant ces 20 dernières années, ce raisonnement est compréhensible. Il faut tout de même relever que le nombre de personnes qui sont devenues propriétaires n’a cessé d’augmenter au cours de ces 2 dernières décennies dans notre canton. La hausse des prix est intervenue dans l’ensemble du pays. Toutefois, nous devons être conscients que les valeurs immobilières sont bien plus élevées dans la plupart des autres régions et villes de Suisse.

– Le taux de vacance du parc immobilier devient inquiétant, non ? Pourquoi il y a si peu de logements vides ?
– Un premier constat très réjouissant est celui de la croissance démographique cantonale depuis maintenant 4 ans. En 2024, la population résidente permanente a augmenté de 0,72 %. Cette évolution a renforcé le marché de la location, diminuant en une année le nombre de logements vacants dans quasi toutes les communes et principalement dans les villes de La Chaux-de-Fonds et du Locle. Dans ces dernières, le nombre d’appartements disponibles à la location demeure très confortable avec des taux de vacance bien supérieurs à ceux des autres communes neuchâteloises.

– Mais la construction de nouveaux immeubles résidentiels reste contenue. Existe-t-il un bon filon sur lequel un propriétaire en devenir peut tirer aujourd’hui ?
– Dans le contexte actuel, les personnes disposant des ressources financières pour devenir propriétaires peuvent bénéficier de conditions de financement économiquement très intéressantes en raison de la baisse des taux d’intérêts. Il y a donc des opportunités à saisir à condition de bien analyser les opérations et de privilégier en toutes circonstances les principes de base de l’immobilier que sont la situation et la qualité de l’objet.

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Pacifiste et non-violent convaincu, Ziad Medoukh est professeur de français à l’université. Il habite à Gaza-ville, lieu qu’il a toujours refusé de quitter. Dans