Cent vingt-cinq ans de La Semeuse
Deux jours, il fallait au moins ça pour pouvoir faire la fête à l’une des marques chaux-de-fonnières les plus emblématiques. Eh oui, La Semeuse est active depuis déjà 125 ans dans les Montagnes neuchâteloises ! Ça en fait du grain à moudre et des histoires à raconter. Et ça tombe bien puisque la « marque jaune » invite la population à des portes ouvertes les 20 et 21 juin prochains. L’occasion pour les visiteurs de découvrir les secrets de fabrication qui se cachent derrière les murs mais aussi les petites et les grandes histoires de l’entreprise qui a débuté son activité en commercialisant… de l’huile !
C’est presque aussi difficile à croire que la présence potentielle d’extraterrestres, tant La Semeuse est aujourd’hui associée au café ! Et pourtant, c’est bien dans le commerce de l’huile que le fondateur Marc Bloch a commencé en 1900. La boutique se trouvait alors au numéro 1 de la rue Neuve, là même où est installé le café du coin désormais. « à l’époque, on appelait ce genre de magasin des épiceries de denrées coloniales. On n’avait pas l’habitude d’avoir accès à de tels produits encore exotiques dans nos montagnes », rapporte Vincent Moesch qui soigne l’image de La Semeuse depuis bien longtemps (mais quand même pas 125 ans…) Avec lui, nous faisons le tour de ce qui vous attend à travers 8 informations savoureuses !
❶ Un assemblage « spécial 125 ans » torréfié sous les yeux du public
Lors de ces portes ouvertes, le public aura notamment droit à une exposition retraçant les grandes heures de l’entreprise. Celle-ci aura lieu juste à côté d’une petite machine de torréfaction artisanale (capacité de 22 kilos, soit 10 fois inférieure à celle utilisée en production). « Nos invités pourront assister en direct à la préparation du café « spécial 125e » qui sera donc torréfié devant leurs yeux. » Cet assemblage de cafés venant du Brésil et de Colombie sera immédiatement disponible à la vente, de quoi lui donner une saveur encore un peu plus particulière. La présence du producteur colombien permettra d’affiner encore les connaissances du public sur les conditions de production des cafés La Semeuse (nous y reviendrons).
❷ La Semeuse ? Un nom qui découle du commerce de l’huile
Pour le moment, revenons d’abord sur cette drôle d’histoire d’huile. Peu de personnes le savent mais La Semeuse était une huilerie à sa fondation. Le nom et le logo de la marque en découlent d’ailleurs directement. « Le fondateur Marc Bloch étant d’origine française, il a choisi l’un des symboles de la République française pour son logo qui représentait une semeuse en train de semer des graines. » Cette figure allégorique évoque la fécondité et symbolise la liberté et le progrès. « Elle fut utilisée pour illustrer certaines pièces de monnaie notamment. » Voici pour l’aspect historique. « En 1920, lorsque l’entreprise commence la torréfaction du café, cette image de semeuse était identifiée à un produit de qualité et le logo comme le nom ont été conservés. »
❸ Mille huit cent tonnes de café torréfiées chaque année
Les 20 et 21 juin, rien ne vous sera caché. L’entreprise souhaite ouvrir l’ensemble du processus de production et l’ensemble de son espace à ses hôtes. « Le parcours commencera dans le stock de café vert. Il y en a 200 tonnes sur site. La Semeuse torréfie 1800 tonnes de café par an, ce qui correspond à 30 000 sacs importés depuis une trentaine de pays différents. » Ceux-ci se situent essentiellement en Amérique centrale et en Amérique latine (Brésil, Mexique, Pérou…) L’Indonésie, l’Inde ou l’Éthiopie tirent aussi leur épingle du jeu. « Le 90 % de nos achats est constitué d’arabica, source des cafés les plus subtils », détaille Vincent Moesch. L’arabica et le robusta sont les deux principales « espèces » de café. L’arabica est cultivé de 600 à 2000 mètres d’altitude et offre un goût plus floral, fruité et délicat que le robusta qui ne se développe pas au-dessus de 600 mètres d’altitude.
❹ La torréfaction : «Permettre au café de s’épanouir»
Avant de poursuivre notre petit tour de La Semeuse, une question difficile pour vous : savez-vous quels sont les 2 plus grands producteurs de café dans le monde ? Réponse : le Brésil et… le Vietnam. Allez, plus simple maintenant : pourquoi le café arrive-t-il vert dans les locaux de l’entreprise ? Car la couleur brune s’obtient par la torréfaction ! « C’est justement l’étape suivante qui attend nos grains de café. Après avoir été nettoyés, ils sont passés en silo où ils sont mélangés à d’autres grains – d’une autre variété – en cas d’assemblage. » Ensuite, place au bronzage du café, dans le torréfacteur ! « Celui-là a une contenance de 250 kilos. Nous torréfions selon une méthode traditionnelle dans un torréfacteur à tambour. Cette méthode lente consiste à torréfier à cœur les grains selon leurs caractéristiques propres avec une lente montée en température jusqu’à un maximum ne dépassant jamais 210° à 213°. » C’est précis, comme le timing du processus : « Cela va de 12 à 15 minutes selon les lots. C’est long mais c’est idéal pour permettre au café de s’épanouir pour révéler tous ses arômes. »
❺ Un centre logistique au Crêt-du-Locle
Une fois torréfié, le café est refroidi à l’air pur avant d’être envoyé en conditionnement. En résumé, dans le café, l’important est vraiment la beauté intérieure : « Le grain vert ne présente aucun intérêt sous cette forme. Mais il recèle en réalité de vrais trésors de saveurs à l’intérieur. » Encore faut-il le torréfier de la bonne façon pour que les sucres se transforment en arômes. Le savoir-faire plus que centenaire de La Semeuse fait la différence ! Une fois ces trésors révélés, le café est conditionné en sachets, emballé et ensuite placé dans des cartons. « Durant ces étapes, certaines phases sont entièrement automatisées comme la mise en palette. Cela épargne un travail ingrat et difficile à nos employés tout en mobilisant leurs compétences sur d’autres postes clefs. » En fin de chaîne de production, les cartons sont envoyés au centre logistique du Crêt-du-Locle (Choco-Diffusion) pour être acheminés dans tout le pays.
❻ Première marque à se passer d’emballages en alu
Pour ce qui est de l’emballage, La Semeuse mise sur ce qui est l’une des valeurs maîtresses de l’entreprise depuis de nombreuses années : la durabilité ! L’écoresponsabilité et l’éthique sont deux autres marqueurs du travail de la « marque au soleil ». « Nous avons été la première marque de Suisse à éliminer l’aluminium de nos emballages de café car ce matériau est beaucoup trop polluant. Nous utilisons aujourd’hui une matière d’emballage sans aluminium, issue de 75 % de matières premières renouvelables. » Ses gammes de produits suivent cette même vision. Elles se déclinent en bio-éthique et en fairtrade par exemple (payer le juste prix aux producteurs). à travers cet engagement social, La Semeuse soutient de nombreuses familles qui s’engagent pour du café bio et responsable envers la biodiversité.
❼ Caravela, un café transporté par un voilier de 80 mètres
Pour mieux saisir l’état d’esprit de La Semeuse, prenons le cas du petit nouveau : le café Caravela ! Sa particularité : il est transporté entièrement par la force du vent, sur un cargo-voilier de 80 mètres de long. « Mille tonnes de café transitent d’un port brésilien au port du Havre à chaque voyage. » Cette méthode de transport douce est presque 2 fois plus rapide qu’un porte-conteneurs classique, non pas à cause de la vitesse du voilier mais grâce à la simplification des opérations logistiques : un seul chargement, une seule destination, pas d’escales multiples ni de groupage. « ll faut environ 28 jours pour que le convoi traverse l’Atlantique. Nous sommes persuadés que le transport maritime responsable et durable a de l’avenir. » Au final, la nature semble reconnaissante : « Un marin nous a raconté que le cargo-voilier transportant notre café Caravela était accompagné par de nombreuses baleines et de nombreux dauphins, il n’avait jamais vu ça. Comme si la faune marine exprimait sa reconnaissance envers l’équipage. »
❽ Site chaux-de-fonnier étoffé d’un nouvel appareil de production
Bref, vous l’avez compris, le programme s’annonce riche en anecdotes, en découvertes et en surprises lors des portes ouvertes des 20 et 21 juin. Des ateliers et des initiations rythmeront notamment la journée, vous plongeant parfois dans l’ambiance et les conditions de production latines pour vous immerger dans le quotidien des producteurs sud-américains. Peut-être même aurez-vous droit à une musique « de jungle » pour vous y transporter un peu plus. Et pour ne rien gâcher, vous apprendrez aussi que le site chaux-de-fonnier s’apprête à s’agrandir ! Les travaux ont déjà commencé et permettront d’ajouter un nouvel appareil de production complet avec un second torréfacteur pour répondre à la demande et au succès qui ne se dément pas depuis 125 ans ! Et si on savourait ce moment ensemble, autour d’un café ?