Le Val-de-Travers est le berceau de l’un des premiers trails d’Europe. Fondé en 1994, le trail de l’Absinthe s’appelle aujourd’hui le Swiss Canyon Trail. Pour sa 30e édition qui aura lieu du 6 au 8 juin à Couvet, on attend plus de 4000 participants venus du monde entier. à cette occasion, un nouveau parcours exceptionnel de 100 miles, soit 166 km, sera proposé en plus des boucles existantes de 111, 81, 51, 31 et 16 bornes. En 30 ans, la conscience écologique s’est également éveillée ! On ne laisse plus crapahuter des milliers de coureurs dans les paysages du Creux du Van sans mesures de protection de l’environnement. L’organisateur de la manifestation Patrick Christinat dévoile le dispositif pour les lecteurs du Ô.
– Cette 30e édition, c’est l’année de tous les records alors ?
– On l’espère. Deux mois avant la course on avait déjà 40 % d’inscriptions de plus que l’année passée qui était déjà une année record.
– La nouveauté, c’est le parcours de 166 km ?
– La nouveauté et en même temps l’exception, puisque l’autorisation du canton se limite à cette 30e édition. Cela représente 166 km et un dénivelé de 8200m. Les meilleurs devraient parcourir la distance en 17 heures et les derniers en 44 heures.
– La distance la plus populaire ?
– Les 51 km ! Chaque parcours est limité à 800 participants pour assurer la fluidité des courses.
– Combien de personnes sont mobilisées ?
– Du côté de l’organisation, il y a 2000 accompagnants, 600 bénévoles, et près de 3000 spectateurs s’il fait beau. Avec les coureurs, on n’est pas loin des 10 000 personnes.
– Un budget de 600 000 francs. Qui finance ?
– La moitié est financée par les taxes d’inscription. Le reste par le sponsoring, le merchandising, les stands de nourriture et de boissons, la Loterie romande, et les subventions des deux communes de Val-de-Travers et de Sainte-Croix.
– Quelles retombées financières ?
– Elles ont été calculées. On avoisine le million de francs, avec plus de 3000 nuitées et toutes les retombées touristiques en termes d’image.
– Un événement de cette ampleur en pleine nature a un impact sur l’environnement. C’est géré comment ?
– On se professionnalise toujours plus. Un ingénieur en sciences environnementales a fait son entrée au comité. On finalise un partenariat avec les cantons de Neuchâtel et Vaud pour mettre en place des mesures compensatoires. Ça consiste par exemple à réadapter des zones humides pour les crapauds accoucheurs, à refaire un biotope ou des murs en pierres sèches pour les lézards. On le prend sur notre budget, c’est une première pour ce genre d’événement.
– Le parcours des 166 km traverse des zones protégées ?
– Il passe effectivement par la zone protégée des gorges de l’Areuse mais sur le chemin touristique et l’autorisation a été accordée à condition qu’il n’y ait pas de poste de ravitaillement ni de public à cet endroit. Pour le balisage, on utilise de la rubalise biodégradable
– Et les déchets ?
– Depuis quelques années on a instauré un tri des déchets très rigoureux. Sur les parcours, les ravitailleurs et les baliseurs sont en charge de nettoyer leurs zones.
– Beaucoup de monde vient en voiture ?
– C’est un problème. TransN veut bien mettre à disposition des courses spéciales mais c’est complètement à notre charge et ça coûte cher. On doit donc faire avec les transports publics « normaux ».
– Qu’est-ce qui a changé en 30 ans ?
– Le trail est devenu un sport populaire de masse. C’est phénoménal ! On estime qu’il y a 2 à 3 millions de personnes qui font du trail en Europe. Beaucoup de coureurs n’avaient plus envie de faire des marathons sur le goudron.
– La concurrence est devenue plus forte aussi ?
– Très forte. En 1994, il y avait 5 ou 6 courses du même genre en Europe quand j’ai fondé le Swiss Canyon. Aujourd’hui on en compte plus de 8000 !
– La concurrence, c’est les courses de l’UTMB, le label Ultra-Trail du Mont-Blanc ?
– Oui, nous faisons partie des World Trail Major, 12 courses qui se déroulent sur tous les continents. Avec cette alliance on propose une alternative au modèle UTMB qui est très business.