Ils tirent un trait artistique d’un côté à l’autre du lac !

Par Kevin Vaucher

Le concept de l’exposition Voir et Revoir vaut le détour ! Au cœur du dispositif mis en place, on retrouve… le lac des Taillères ! Il y a pire comme endroit pour les rêveries artistiques. L’idée est de lier balade au bord du lac et exposition. Quoi ? Je vous entends d’ici ! «  C’est pas nouveau comme concept.  » Rabat-joie, laissez-moi seulement terminer. L’exposition se déclinera dans 2 maisons pleines de cachet situées de chaque côté du plan d’eau. Les sculptures de Laurent Martin au sud et les peintures de Malou Dumont au nord. Pour déguster l’entier de l’exposition, il vous faudra donc contourner le lac d’un côté ou de l’autre pour rejoindre l’autre rive. Alors, pas mal hein ?

Au sud, Laurent Martin et ses sculptures en plein air attendront les visiteurs dans le chalet du Moulin du Lac. Au nord, les peintures acryliques de Malou Dumont vous attendront dans la volumineuse grange de cette vieille ferme neuchâteloise qui fait office de maison familiale. On l’appelle la Maison du Bas. Vous pourrez donc Voir d’un côté et Revoir de l’autre. Et pour passer de l’un à l’autre ? «  À pied, ça fait une belle balade », encourage Malou. Ou sinon, vous pouvez essayer la barque mais pas sûr que vous y arriviez beaucoup plus vite avec le courant qui caresse régulièrement le lac.

Une première exposition «  ensemble  » mais pas vraiment ensemble…
Rassurez-vous, un accès est également possible en véhicule, notamment pour les personnes à mobilité réduite. Les 2 artistes se sont connus il y a un an et demi environ et c’est la première fois qu’ils exposeront ensemble (mais pas vraiment ensemble pour le coup…) Vous suivez ? Pour ce qui est des horaires d’ouverture, l’originalité est aussi de mise : « Il n’y a aucune ouverture ni de fermeture. C’est ouvert tous les jours, à horaire libre, du 7 au 24 septembre. Même en soirée, après le repas, vous pouvez volontiers passer au moment de votre balade digestive », proposent-ils. Dans le même genre, c’est aussi possible de visiter les 2 expositions à des jours différents ou d’aller à l’une mais pas à l’autre. Ce serait néanmoins dommage car vous passeriez à côté d’une rencontre passionnante.

Appliquer une dose d’humour à son art
Une rencontre avec des œuvres et avec des artistes qui ont osé se lancer sur le tard, presque au moment de la retraite. Le Chaux-de-Fonnier d’origine Laurent Martin a travaillé durant 37 ans à la station radar météo de La Dôle (VD). « J’ai pris une retraite anticipée à 60 ans, justement pour pouvoir accorder davantage de temps à la sculpture », étaie ce père de
3 enfants qui a choisi de travailler le marbre. « Vous me direz peut-être que c’est une solution lourde… mais je vous trouverais un peu léger. Car peu importe la nature de la matière : un livre reste un livre, un oreiller reste un oreiller et un sac à main reste un endroit où plonger la vôtre », s’amuse celui qui aime appliquer une dose d’humour sur son art.

Prendre le temps de tailler l’artiste qui s’éveillait
Son style ? Classique. Quoique parfois original. « Il m’est arrivé de réparer la nature en gravant une fermeture éclair de part et d’autre d’une faille qui bâillait au milieu d’un bloc de marbre. » Sans le dire vraiment, ses mains se font aussi plus poètes et profondes lorsqu’il s’agit de sculpter les vibrations de la quotidienneté pour restituer le non vu, le non exprimé ou le non ressenti. Sa comparse Malou Dumont se prévaut d’un parcours tout aussi atypique et attendrissant. N’a-t-elle pas pris des cours de technique liées aux beaux-arts (fusain, encre de chine, huile, modelage…) à l’âge de 50 ans ? Cette couturière de formation, au bénéfice d’un brevet d’enseignement d’activités créatrices, n’a eu de cesse de tailler l’artiste qui s’éveillait en elle.

Une première exposition à 60 ans !
Un processus qui l’a conduite à exposer pour la première fois à l’âge de 60 ans. « J’ai vécu dans une ferme où il y avait 2 artistes dont une peintre de La Chaux-de-Fonds. Ma maman m’a emmenée voir beaucoup d’expositions et j’ai eu le privilège de faire des rencontres artistiques tout au long de ma vie », brosse la retraitée de 69 ans. Ce fil rouge de création a enfanté d’un coup de pinceau qu’elle qualifie de mi-abstrait. « On peut deviner certaines formes sur mes tableaux mais plutôt par flashs. C’est uniquement à la fin de mon travail qu’une atmosphère générale se dégage du tableau que je peins », dit celle qui prend un malin plaisir à marier son acrylique avec différents matériaux tels le bitume, le plâtre, le textile ou encore l’aluminium. Avec tout ça, il y a toute la matière nécessaire pour tirer ce trait artistique à travers le lac…

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