Demain, le Club 44 accueille le psychologue clinicien Benoît Verdon et le conseiller d’État Frédéric Mairy dans une rencontre animée par Tania Zittoun, professeure ordinaire à l’université de Neuchâtel. Fléau pour certains, problème pour d’autres, l’espérance de vie est une réalité qui devrait nous concerner, tôt ou tard.
Avant cette rencontre qui s’inscrit dans la semaine assemblâge, Le Ô a questionné Frédéric Mairy, conseiller d’État, chef du département de la santé, de la jeunesse et des sports.
– Les seniors gagnent du terrain, surtout dans notre canton, pourquoi ne créez-vous pas un service dédié à cette population ?
– Créer un tel service serait limitatif. Les besoins des seniors, qui représentent plus de 20 % de la population, relèvent de plusieurs politiques publiques : santé, social, aménagement du territoire, transports publics, sport… L’essentiel est que le Conseil d’État veille à la cohérence des mesures prises dans chaque domaine.
– Dans le même esprit, ne faut-il pas revoir le principe de l’intégration si cher à notre canton ?
– Notre principe d’intégration repose sur la cohésion sociale, le respect mutuel, la responsabilité individuelle et le « vivre ensemble ». Toutefois, la population âgée demande à être davantage prise en compte que par le passé, de manière directe ou via des missions déléguées à des partenaires. Le canton et les communes sont actives sur le sujet.
– Comment décloisonner les homes pour leur donner une dimension plus sociale ?
– Par la planification médico-sociale déployée depuis 2013, les prestations des EMS se sont diversifiées, par exemple avec la création des foyers de jour et de pensions. À mon sens, les EMS ne sont pas cloisonnés et s’inscrivent pleinement dans un dispositif d’ensemble. Le service de la santé publique recommande par ailleurs des projets qui associent par exemple des appartements avec encadrement, des structures scolaires ou d’accueil extra-familial. L’objectif est aussi de privilégier des emplacements au cœur des villages et non plus en périphérie comme ce fut parfois le cas dans le passé.
– L’État perçoit-il les seniors autrement que comme « un problème » ?
– Évidemment ! Qualifier le phénomène de « problème » n’est pas la vision du Conseil d’État. Le vieillissement de la population, plus concrètement l’allongement de l’espérance de vie (82,4 ans chez les hommes et 85,9 ans chez les femmes pour la moyenne suisse), si possible en bonne santé, est en lui-même réjouissant. S’il représente des défis, il offre également des opportunités en termes de transmission des savoirs, d’engagement associatif ou de garde des petits-enfants.
– Dans le futur, comment l’État pourra-t-il assurer des revenus aux seniors ?
– La question dépasse le cadre cantonal. L’AVS offre la possibilité de se retirer de la vie professionnelle tout en bénéficiant d’une stabilité financière. Cette rente « de vieillesse » et le système des 3 piliers, qui font l’objet d’adaptations régulières, restent une force pour la Suisse,
– Différents mais unis dans la tranche d’âge supérieure à 65 ans, quel est votre message ?
– Toutes et tous différents, quel que soit l’âge ! La limite de 65 ans est artificielle et elle ne dit rien de la personne elle-même, de son état de santé, de ses activités, de ses projets, de ses besoins… Les réponses de la collectivité doivent être diversifiées et multiples.
La modification de la pyramide des âges est un sujet qui requiert l’attention des autorités. Quel financement adopter pour garantir une vie décente après la retraite, comment maintenir l’activité physique et intellectuelle des seniors en prenant soins de cette population exposée aux tracas de santé.
Éléments de réponse samedi 25 octobre au Club 44 (20 h 15).
