Début de chantier chaotique

Jean-Pierre Molliet

Si le barrage du Châtelot m’était conté (VIII). Le feuilleton entre dans le vif du sujet !

Un proverbe dit que Paris ne s’est pas faite en un jour. Edifier un barrage au milieu du 20e siècle dans un endroit caricaturé comme étant le bout du monde relevait de la gageure, surtout compte tenu des possibilités techniques de l’époque. Les premières pages du recueil consulté concernant la mise en place de ce puzzle du Châtelot témoignent des difficultés et des manières archaïques utilisées par ces bâtisseurs.

Fin des palabres, des discussions et de la diplomatie, place enfin à la réalité ! Les deux premiers chantiers sont ouverts, le premier au Dazanet, le 29 juin 1950, le second au Châtelot, le 6 juillet 1950. L’hôtel du Saut-du-Doubs fait office de centre névralgique et point de ralliement. C’est de là que les ingénieurs qui y ont élu domicile partent inspecter les emplacements des sites à construire. Les premiers ouvriers se présentent le 5 juillet. Au nombre de douze. Leur tâche : aménager le terrain où seront implantées les baraques qui serviront de dortoirs, cantine et bureaux.

Le 7 juillet 1950, la première machine est véhiculée par la route des Planchettes. Il s’agit d’un Trexavateur de 130 CV. On peine à croire la lecture des notes prises à l’époque : le véhicule avance péniblement car il doit se frayer un chemin sur une route obstruée par des éboulements suite à des pluies diluviennes. Dans un deuxième temps, il élargit ce chemin d’accès en vue des transports futurs.

Dès la mi-juillet, l’entreprise Bieri conduit quotidiennement les 35 ouvriers engagés de La Chaux-de-Fonds au Châtelot.

Le 18 juillet, arrivée de la première pelle mécanique qui déblaie les premiers mètres cubes de terre. Deux jours plus tard, les premiers coups de mines déchirent le calme des côtes du Doubs.

 

324 mines en 1 mois

Le premier accident est signalé le 10 août. Un ouvrier est touché par une pierre suite à un coup de mine. Blessé au ventre et à une jambe, il est transporté dans un établissement hospitalier.

Première donnée statistique : dans ce mois de juillet 1950, 324 mines ont été mises à feu à l’aide de 608 mètres de mèches. Sur le plan social, une spécialité à mentionner : le vendredi 28 juillet, le travail a cessé à 17 h  pour permettre aux ouvriers de rentrer chez eux. Du coup, pour récupérer les heures perdues, ils durent travailler la semaine suivante jusqu’au samedi soir. Une formule maintenue durant toute la durée des chantiers.

Des dizaines de baraques en bois, dont on voit ici les premières, composeront « le village » du Châtelot. (Photo : privée - jm)
Des dizaines de baraques en bois, dont on voit ici les premières, composeront « le village » du Châtelot. (Photo : privée - jm)

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