Tout flambe ! Heureusement, pas votre maison… si vous l’avez déjà construite. Les prix des matériaux prennent l’ascenseur. La faute à qui ? « La pandémie a fait grimper les coûts de 35 %. Ils sont ensuite redescendus mais avec la guerre en Ukraine : +25 % au bas mot. Le fer à béton est passé de 1 fr. 20 à 2 fr. 80. Avec le prix du carburant, les transports coûtent plus, notamment depuis la Chine. Il faut donc suivre le marché et rester flexible sur les matériaux choisis. Cruel pour ceux qui réfléchissent depuis vingt ans à construire. Ils ressentent un sentiment d’injustice », explique Maël Stucky, d’Epigraf architectes.
« Certains doivent renoncer, d’autres reporter. Exemple flagrant : un paysan de la région qui voit la subvention fixe de la chambre d’agriculture devenir insuffisante, car elle ne tient pas compte de l’inflation. Le chantier a dû être reporté une nouvelle fois. De plus, c’est très dur d’obtenir des offres : les entreprises sont déjà sous l’eau. Et les tarifs changent chaque semaine : les offres ne sont garanties plus que dix jours, contre trois mois auparavant. »
Baisse des constructions en vue ? « Avec la hausse des taux hypothécaires, ça devient hors de prix pour particuliers et petits investisseurs. Les plus gros acteurs vont eux poursuivre, mais en répercutant le surcoût sur les locataires. Même pour les anciennes constructions. » Comme quoi, tout le monde va finir par passer à la caisse. Y compris les collectivités publiques : enrobés et étanchéités des routes ont déjà augmenté de 25 à 40%.
« Le prix de notre maison a pris l’ascenseur ! »
Leur maison est en cours de construction. Tout était béton. « La pandémie finie, on s’est dit que tout allait s’arranger côté délais de livraison. On a contracté une hypothèque, heureusement à un taux encore très bas (1,1 %). Et là… » Comme tant d’autres, ce jeune couple chaux-de-fonnier n’avait pas prévu que Poutine allait faire des siennes. « Aux premiers appels d’offres, douche froide : des prix ont plus que doublé. Et la pénurie péjore les délais de livraison. « On ignorait que tant de choses viennent d’Ukraine ! On nous a dit que l’argile de là-bas faisant défaut, des fabricants de catelles ne produisent plus. Des usines sont aussi à l’arrêt en raison du coût du gaz… »
Reporter la construction et miser sur un retour aux prix d’avant ? Mauvais plan : l’hypothèque contractée et le terrain acheté, il faut construire. « Sinon, il y a des intérêts intercalaires. » Dire stop et repartir avec une nouvelle hypothèque ? « Plus salé encore : les taux ont doublé, de 1 à plus de 2%… Alors, on serre les dents, on rabote sur des postes, fenêtres pvc plutôt qu’alu et bois, on reporte à plus tard l’installation d’un poêle suédois, et… on croise les doigts pour que cette affreuse guerre finisse. »
