Un des mérites du journal Le Ô : il peut tout se permettre. Même de (se) regarder dans le rétroviseur. Tenez, ma vie d’écolier brenassier, moi qui ai passé mon enfance au Saut du Doubs. Le flash qui m’arrive spontanément : le dernier voyage du Père Frédéric. Le hasard a voulu qu’en rentrant de ma course d’école de 1re année, on découvre une gare des Brenets qui fêtait la mise en service de l’électrification. Nous avons vécu les adieux du Père Frédéric qui ont été suivis du voyage inaugural du « nouveau Régional ».
Ce train m’a été d’un précieux secours par la suite. Dans un premier temps, j’ai eu des familles d’accueil en hiver pour le repas de midi, mais je suis redescendu par la suite manger chez de la parenté au Locle. Je quittais la classe à 11 h 30, le train partait à 11 h 38 et me ramenait au village pour retrouver mes camarades à 13h30.
Autres images souvenirs : les plongeons dans le Doubs. Des milliers de personnes venaient assister aux envols de 35 mètres de l’Abbé Simon, appelé « le curé volant ». Il se donnait en spectacle pour réunir les fonds nécessaires à la rénovation de sa petite église villageoise. J’ai aussi en mémoire le saut de 40 mètres réalisé par le Chaux-de-Fonnier Roger Froidevaux s’élançant depuis l’hélicoptère piloté par Hermann Geiger. Six semaines plus tard, il se tuait en tentant un plongeon de 50 mètres dans le Vieux Port de Marseille. Une chute fatale qui nous a beaucoup marqués, nous qui l’avions côtoyé.
J’ai eu plusieurs moyens de locomotion pour me rendre à l’école. Le patin sur le lac gelé et le ski l’hiver quand la météo le permettait. Il m’est aussi arrivé (peu souvent…) de rester à la maison quand le « triangle » n’avait pas eu le temps de passer.
Durant les sept ou huit mois de la belle saison, je me rendais en classe à vélo dès ma 2e année d’école. Habitué aux deux-roues, j’en ai souvent profité, avec l’accord de mes parents, pour aller jusqu’au stade de la Charrière à La Chaux-de-Fonds. L’époque était glorieuse pour les footballeurs meuqueux avec les doublés championnat et coupe. En voyant évoluer Willy Kernen, je n’imaginais pas qu’une quinzaine d’années plus tard, il deviendrait un ami et que je ’inviterais à donner des cours à l’Université populaire jurassienne et des conférences dans le milieu des enseignants.




























