Nos équipes nous poussent à être écolo

Par Patrick Fischer

C’est un tic-tac qui vient de loin. Les montres Tissot sont créées en 1853 quand un père et son fils, Charles-Félicien et Charles-émile Tissot, fondent une petite entreprise horlogère au Locle. 172 ans plus tard, la marque est présente dans plus de 160 pays. Intégrée au Swatch Group, Tissot est devenue le
n°1 de la montre traditionnelle en misant sur l’innovation et sur des prix accessibles. Aujourd’hui, l’entreprise fait face au coup de mou qui frappe l’industrie horlogère et au défi écologique. On fait le tour du cadran avec Sylvain Dolla, son nouveau CEO depuis 2020.

– Le Swatch Group a annoncé des chiffres en forte baisse (un bénéfice en chute de plus de 70 %). Est-ce que c’est grave ?
– Il y a un très gros coup de mou en Chine, qui pèse sur nos résultats évidemment. Mais nos parts de marché y ont augmenté. Et on a des croissances incroyables sur quasiment tous les autres marchés. Treize filiales ont fait une année record en Europe, aux états-Unis et au Japon. Je suis confiant pour l’avenir.

– Plus de 170 ans d’histoire, quelles sont les clés de cette success story ?
– C’est d’abord le courage des fondateurs. Ils n’ont pas eu peur de prendre des calèches et des bateaux pour aller à Saint-Pétersbourg vendre des montres aux officiers du tsar ou se présenter à l’exposition universelle de Chicago, et faire de Tissot une marque internationale.

– Le courage et… ?
– On trouve dans l’ADN de Tissot les valeurs de la Suisse, l’innovation, la tradition, et la passion.

– Pourquoi on achète encore une montre au XXIe siècle ? Pas pour lire l’heure…
– C’est un produit émotionnel. On l’achète pour se faire plaisir à soi-même ou aux gens qu’on aime, pour marquer les moments clés de la vie, le mariage, la matu, la retraite… Pour l’homme c’est quasi le seul bijou qu’il porte.

– Votre best-seller est actuellement la PRX, un ancien modèle !
– C’était un modèle génial des années 1970. On l’a reconstruite entièrement sans rien changer à son esthétisme et on a mis le paquet pour faire des finitions de haute horlogerie. Aucune montre suisse n’arrive à ce niveau de finition pour un prix aussi abordable.

– Réinterpréter les anciens modèles iconiques, c’est votre politique ?
– Avec un patrimoine aussi riche que celui de Tissot, on serait fou de ne pas s’en servir mais il ne faut pas faire que cela, sinon on tourne en rond. Il faut lancer des nouveaux produits et toujours innover.

– Dans quels domaines ?
– La connectivité et le solaire. Prenez l’exemple des montres connectées. Nous ne voulons pas faire des smart watches mais de la belle horlogerie qu’on n’a pas besoin de recharger. Pour cela, le challenge a été de développer nos propres cadrans solaires, innovants et esthétiques et de recréer un système ultra basse consommation.

– La visibilité ça compte aussi ? Tissot est chronométreur officiel de nombreux événements sportifs, le Tour de France, le hockey, la NBA…
– Notre marque est très liée au sport, déjà avant guerre, on était chronométreur des descentes à ski dans les années 1930. Les partenariats sportifs ont de tout temps été très importants. Au sein du Swatch Group, nous avons la chance d’avoir Swiss Timing, qui permet d’amener des solutions techno-
logiques pour la mesure du temps dans les plus grands événements sportifs du monde. Tissot vient de renouveler le contrat avec la NBA pour dix ans et on va être les fournisseurs d’une toute nouvelle Shot Clock qui équipera tous les paniers de basket du championnat américain.

– Les marques reviennent dans les salons horlogers. Pourquoi pas vous ?
– Il n’y a absolument aucun intérêt pour Tissot. Notre marque communique ses nouveautés tous les mois directement avec ses clients, des millions de consommateurs. Ça ne fait pas de sens pour nous d’aller une fois par année dans une foire horlogère. En plus, tous nos partenariats sportifs, la NBA, MotoGP, le Tour de France, etc… nous servent de vitrines pour rencontrer les médias et nos clients.
La réflexion écologique est devenue incontournable. Quelle place dans la stratégie de Tissot ?
Hyper importante ! Quand je suis arrivé dans l’entreprise, mes collaborateurs m’ont littéralement sauté dessus pour qu’on agisse sur ce terrain-là. Leur génération y attache énormément d’importance. Je n’aime pas les effets d’annonce mais quand toutes les forces vives de l’entreprise disent qu’on peut faire mieux, ça me motive.

– Quelles mesures ?
– (Il se lève vers la fenêtre…) Regardez, là on a mis des panneaux solaires, là aussi, et là encore ! On a investi massivement dans l’énergie solaire, on a isolé les bâtiments. Ensuite, tous nos présentoirs sont faits à partir de matériaux recyclés. On a travaillé comme des fous pour reproduire le rendu de l’acier. Pareil pour le packaging. Cela représente des millions de boîtes. On n’utilise quasi plus de papier, tout est digitalisé, c’est l’équivalent d’une tour Eiffel de papier qu’on économise chaque année. Nos catalogues sont en ligne, on roule avec des voitures hybrides, on a drastiquement réduit les voyages.

– Des montres à base de matériaux recyclés aussi ?
– Par rapport à l’acier recyclé, nous avons un gros projet en cours, mais je ne peux pas encore en dire plus.

– Comment voyez-vous la responsabilité environnementale des entreprises ?
– Elle est majeure. Pour moi qui ai grandi à la campagne, dans les vignes, c’est une évidence.

– Une nécessité de marketing aussi ?
– C’est important pour les clients, mais chez Tissot, le moteur ce sont nos équipes. Elles nous attendent sur cette question.

– Vous avez des objectifs chiffrés ?
– Oui, ils figurent dans le rapport sur la durabilité que publie chaque année le Swatch Group. Il y a un calendrier de réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’objectif est d’atteindre la neutralité climatique d’ici 2050.

– Personnellement, le réchauffement climatique vous inquiète ?
– La personne qui ne serait pas inquiète… c’est elle qui serait inquiétante ! C’est un sujet des plus préoccupants.

Une marque mondiale

Tissot fait partie du Swatch Group, au côté d’une quinzaine de marques dont Longines, Omega, Breguet, Blancpain.
1200 employés dans le monde
250 boutiques
11 000 points de vente
Environ 3 millions de montres par année (prix moyen 500 francs)

 

CEO de Tissot, c’est du bonheur

Le sourire, l’énergie, la passion caractérisent ce Franco-Suisse nommé CEO de Tissot en 2020. Auparavant patron de la marque Hamilton, Sylvain Dolla travaille depuis vingt ans au sein du Swatch Group. Il a commencé sa carrière chez Alcatel, la société de télécoms française.

– Vous venez du monde des télécoms, quelle différence avec l’horlogerie ?
– La différence fondamentale, c’est qu’au sein du Swatch Group on a une vision à long terme, très long terme. Pourquoi ? Parce qu’on a des usines. Ça force à garder les pieds bien ancrés dans la terre. Quand on investit, c’est pour dix ans au moins, pas pour faire un coup. Celui qui reçoit une Tissot pour son baccalauréat, il veut la garder longtemps, c’est le contraire des produits électroniques où l’obsolescence et la peur de se faire doubler sur le plan technologique est constante. Notre philosophie est à l’opposé de ce court-termisme malsain.

– C’est une autre vision du temps ?
– Oui absolument, j’aime beaucoup la formule.

– CEO de Tissot, c’est un bon job ?
– C’est du bonheur, je gère une entreprise qui fait des cadeaux. Et on a la force du Swatch Group derrière nous. On se sent soutenu. C’est une culture qui permet de prendre des risques. J’ai le droit de faire des erreurs mais pas de stagner ! Quand vous êtes géré par les marchés financiers vous allez peut-être moins essayer d’innover. Et sur le long terme c’est la clé pour durer.

– Pas trop lourd à porter ces 170 ans d’histoire ?
– Non c’est fantastique. Quand j’ai découvert les 7000 montres de notre collection, qui racontent cette histoire, j’étais comme un gosse à Noël. J’avais sous-estimé le formidable héritage de cette marque.

– Votre première Tissot ?
– En 1998, un cadeau de mon épouse.

– Pour quelle raison ?
– Parce qu’elle était amoureuse, enfin je crois (rires…) Ou alors elle avait quelque chose à se reprocher. Je vais lui poser la question ce soir !

– Vous venez de quelle région ?
– Je suis Suisse d’adoption depuis vingt ans. Je viens de Cogolin dans le Var.

– Comment vous sentez-vous en Suisse ?
– Je me sens excessivement bien, il y a une forme de sérénité en Suisse. Et dans ce petit pays, ce canton microscopique à l’échelle mondiale, il y a le CSEM, qui fait le lien entre l’industrie et la recherche, qui a des brevets incroyables. Pour moi qui suis intéressé par l’innovation, c’est génial.

Sylvain Dolla, CEO depuis 2020 :
« L’horlogerie a une vision à long terme contrairement au monde des télécoms »
Comment un colosse comme Tissot fait face au coup de mou de l’industrie horlogère ?
Quelle marque a choisi 2025 pour sortir de son sommeil ? Comment l’information régionale affronte le défi de l’intelligence artificielle ? Quand le festival Ludesco nous proposera-t-il une édition de 72 heures ? Votre journal vous donne rendez-vous avec le temps cette semaine. Et vous, serez-vous à l’heure au rendez-vous ?
Comment un colosse comme Tissot fait face au coup de mou de l’industrie horlogère ? Quelle marque a choisi 2025 pour sortir de son sommeil ? Comment l’information régionale affronte le défi de l’intelligence artificielle ? Quand le festival Ludesco nous proposera-t-il une édition de 72 heures ? Votre journal vous donne rendez-vous avec le temps cette semaine. Et vous, serez-vous à l’heure au rendez-vous ?

CEO de Tissot, c’est du bonheur

Le sourire, l’énergie, la passion caractérisent ce Franco-Suisse nommé CEO de Tissot en 2020. Auparavant patron de la marque Hamilton, Sylvain Dolla travaille depuis vingt ans au sein du Swatch Group. Il a commencé sa carrière chez Alcatel, la société de télécoms française.

– Vous venez du monde des télécoms, quelle différence avec l’horlogerie ?
– La différence fondamentale, c’est qu’au sein du Swatch Group on a une vision à long terme, très long terme. Pourquoi ? Parce qu’on a des usines. Ça force à garder les pieds bien ancrés dans la terre. Quand on investit, c’est pour dix ans au moins, pas pour faire un coup. Celui qui reçoit une Tissot pour son baccalauréat, il veut la garder longtemps, c’est le contraire des produits électroniques où l’obsolescence et la peur de se faire doubler sur le plan technologique est constante. Notre philosophie est à l’opposé de ce court-termisme malsain.

– C’est une autre vision du temps ?
– Oui absolument, j’aime beaucoup la formule.

– CEO de Tissot, c’est un bon job ?
– C’est du bonheur, je gère une entreprise qui fait des cadeaux. Et on a la force du Swatch Group derrière nous. On se sent soutenu. C’est une culture qui permet de prendre des risques. J’ai le droit de faire des erreurs mais pas de stagner ! Quand vous êtes géré par les marchés financiers vous allez peut-être moins essayer d’innover. Et sur le long terme c’est la clé pour durer.

– Pas trop lourd à porter ces 170 ans d’histoire ?
– Non c’est fantastique. Quand j’ai découvert les 7000 montres de notre collection, qui racontent cette histoire, j’étais comme un gosse à Noël. J’avais sous-estimé le formidable héritage de cette marque.

– Votre première Tissot ?
– En 1998, un cadeau de mon épouse.

– Pour quelle raison ?
– Parce qu’elle était amoureuse, enfin je crois (rires…) Ou alors elle avait quelque chose à se reprocher. Je vais lui poser la question ce soir !

– Vous venez de quelle région ?
– Je suis Suisse d’adoption depuis vingt ans. Je viens de Cogolin dans le Var.

– Comment vous sentez-vous en Suisse ?
– Je me sens excessivement bien, il y a une forme de sérénité en Suisse. Et dans ce petit pays, ce canton microscopique à l’échelle mondiale, il y a le CSEM, qui fait le lien entre l’industrie et la recherche, qui a des brevets incroyables. Pour moi qui suis intéressé par l’innovation, c’est génial.

Sylvain Dolla, CEO depuis 2020 :
« L’horlogerie a une vision à long terme contrairement au monde des télécoms »

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