AROSS, le carrosse des seniors

Anthony Picard

Plate-forme de coordination, AROSS (Accueil Réseau Orientation Santé Social) est actif pour conseiller et aiguiller les plus de 65 ans

Rencontre avec Martin Zuber, président nouvellement nommé et Sylvie Le Bail, directrice qui s’engage pour AROSS depuis ses débuts. « Que les personnes qui ont entendu parler de nous ne se méprennent pas : notre volonté n’est pas de placer les seniors en institution mais bien de les maintenir le plus longtemps à domicile ! », précisent nos interlocuteurs. L’équipe d’AROSS œuvre à la mise en place de solutions adaptées à chaque situation personnelle pour aider les plus de 65 ans à mieux vivre. Depuis 2020, AROSS exploite une plate-forme d’information conforme à la planification médico-sociale pour les bénéficiaires de l’AVS.

– Un défi central ?
– Nous ne sommes pas un « bureau de placement en EMS pour les personnes âgées ». Si notre mission est claire, nous voulons mieux faire connaître notre travail auprès de celles et ceux qui, de manière directe ou indirecte, ont droit à nos services. Notre défi principal est de rencontrer les personnes le plus en amont possible des difficultés de santé, afin d’anticiper le soutien et la prise en charge requis.

– Un exemple de votre action ?
– Un couple d’octogénaires veut rester à domicile malgré les soucis de santé de l’un des conjoints. Pour répondre au vœu du couple, nous intervenons pour que la vie à deux reste possible dans leur chez-soi aux meilleures conditions. En agissant de manière concrète avec le médecin, les soins à domicile et d’autres partenaires, nous rendons la chose possible malgré les aléas de santé de chacune et chacun.

– Qu’est-ce qui cloche ?
– Le principal enjeu pour AROSS c’est d’être reconnu par les partenaires publics et privés comme la référence en matière de « gare d’aiguillage ». Entre les médecins généralistes, les organisations de soins à domicile, les professionnels du RHNe, du CNP, les homes publics ou privés, nous devons pouvoir parvenir à une coordination au service de la population. Il ne s’agit pas d’empiéter sur les plates-bandes de l’autre. Pour éviter les doublons entre institutions, nous travaillons à améliorer le savoir entre professionnels avec l’accord des bénéficiaires afin de progresser dans une connaissance commune.

– Un mot sur les trois « C » ?
– Conseiller, communiquer et coordonner. C’est vraiment autour de ces actions que nos conseillers se mettent au service de la population. Si les deux premiers « C » sont de l’affaire d’AROSS, le dernier dépend parfois de la bonne volonté de nos partenaires et bénéficiaires. En clair, AROSS n’a aucun pouvoir contraignant.

– Un rôle à jouer pour désengorger le RHNe ?
– La population vieillit, c’est une réalité et parfois, à la suite d’un événement de santé aigu ou d’une hospitalisation, des personnes âgées ne peuvent pas immédiatement ou définitivement rentrer à leur domicile. C’est le problème des lits « C » – trente à cinquante personnes en moyenne – qui attendent une place dans un établissement pour un court séjour avant leur retour à la maison ou un hébergement long séjour en institution. Nous travaillons de concert avec le RHNe afin de trouver des solutions d’orientation qui répondent au mieux aux besoins des personnes âgées et du système.

Malgré notre forte implication, il arrive que notre rôle de coordinateur n’aboutisse pas du premier coup et que des personnes se retrouvent hébergées ailleurs que dans l’endroit désiré. Cependant, ces personnes restent suivies afin de les réorienter ultérieurement vers l’EMS de leur choix mais le processus est long.

– Des chiffres ?
– AROSS emploie vingt-huit
personnes. Notre association est unique dans le sens que les professionnels qui s’y investissent – infirmiers, assistants sociaux et ergothérapeutes – sont unis dans une profession qui n’existait pas encore et qui allie connaissances professionnelles et bienveillance sociale. À La Chaux-de-Fonds, nos bureaux sont ouverts toute la semaine alors qu’à Neuchâtel, Fleurier, et Cernier nous sommes à disposition chaque semaine à temps partiel selon un calendrier fixe.

– Quel cadeau espérez-vous sous le sapin ?
– Pouvoir améliorer la collaboration entre institutions en coordonnant les plans stratégiques, aujourd’hui élaborés dans un calendrier différent et travailler ensemble avec des outils d’évaluation communs.

– Ce sera l’esprit que votre rapport de juin 2024 ?
– C’est évident ; pour que l’action d’AROSS soit valorisée, nous devons livrer au Conseil d’état un plan d’action stratégique qui valorise et affirme notre rôle central de coordinateur.

 

Aross agit avec le médecin, les soins à domicile et d’autres partenaires, pour rendre possible le maintien à domicile malgré les aléas de santé de chacune et chacun. (dr)
Aross agit avec le médecin, les soins à domicile et d’autres partenaires, pour rendre possible le maintien à domicile malgré les aléas de santé de chacune et chacun. (dr)

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