Enseignant remplaçant à l’épreuve du feu !

Guillaume Babey

Il est des métiers qui ne s’improvisent pas. Ce sont souvent ces mêmes métiers qui vous forgent le plus. Ce que le feu ne détruit pas, il le durcit, rappelait Oscar Wilde. Mon mandat de professeur remplaçant au collège de Delémont fut un de ces baptêmes du feu. Nombreux sont nos compatriotes qui, entre la poire et le fromage, se plaisent à casser du sucre sur le dos du corps enseignant. Trop payés, trop de vacances, le refrain est connu.

A ceux-là je les enjoins à tenter d’enseigner tout un semestre le français et l’allemand à des adolescents de 13-15 ans. On comprend alors tout de suite l’importance de posséder les qualités pédagogiques et humaines adéquates. Le professeur du monde post-Covid est un soldat aux armes réduites face à des défis toujours plus complexes. Le décrochage scolaire, l’inattention, l’intégration des enfants réfugiés et allophones, etc. Delémont a su me donner un cadre solide et si le moral flanchait, mes collègues expérimentés savaient me soutenir.

Car être professeur, c’est aussi accepter de redevenir élève pour mieux comprendre les siens. Chaque écolier a sa personnalité, ses faiblesses et ses forces. On côtoie des profils aussi divers que le reste de la société. Il faut savoir allier l’autorité à la compassion. Souvent on se sent impuissant, comme face à un mur. D’autres fois, plus rares et pour cette raison ô combien plus précieuses, une lueur nouvelle naît dans les yeux de l’élève. Il lève la main puis, la parole donnée, il vous dit que c’est la première fois qu’il aime l’allemand. Et que c’est grâce à vous. Alors, tout à notre émotion, on se souvient pourquoi ce métier est absolument essentiel.

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