Quand tu aimes, il faut partir

Emile Bigler

Quand tu aimes, il faut partir. Une phrase tirée d’une feuille de route de Blaise Cendrars. Je l’ai découverte par hasard, écrite sur un mur de notre ville. Anodine dans un premier temps, elle a raisonné de plus en plus en moi au fil des semaines.

Les gens qui me connaissent vous le diront, j’aime ma ville. J’aime son air, j’aime ses couleurs et son odeur. J’y ai tout vu, tout vécu. Chaque rue et chaque quartier me rappellent des souvenirs : Charrière pour les centaines de matches que j’ai joué, Le Cerisier pour mes premières soirées, ou les Forges pour mes balades nocturnes encore il y a quelques semaines.
Et pourtant, je suis parti. Pas pour les études, pas pour le travail, ni pour aucune véritable raison. Où suis-je ? Ailleurs, peu importe. Ce que j’entends dans la phrase de Blaise Cendrars est une invitation à la découverte. À la mise en perspective de son quotidien. À la remise en question.

Mais partir ne veut pas dire abandonner. Je reviens d’ailleurs encore souvent à 1000 mètres. Il y a quelque chose d’inexplicable qui nous lie tous à cette ville. Autour de moi, les gens reviennent, malgré des vies dans des cités plus riches, avec plus d’eau, plus de jeunes, plus de trains.

Je n’ai pas d’explication à ce phénomène. Certains vous diront que c’est grâce à nos gens, notre mentalité. J’admets que nous avons quelque chose de spécial mais j’ai de la peine à croire que nous sommes mieux lotis que les autres. Ou alors, notre petite métropole isolée, encerclée par la nature jurassienne offre un confort mystique à quiconque oserait s’y installer. Je ne sais pas, mais dans tous les cas, je reviendrai.

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